[Visiteur du Graht - Connexion]   

ANGOULÊME - ETUDE ERMITAGE DE SAINT-MARC



ANGOULÊME

.

«Etude de l'Ermitage de Saint-Marc»

PREAMBULE

.

Description et étendue du site archéologique

Inscrit dans le paysage de la rive gauche de l’Anguienne depuis près de mille cinq cents ans, le site du Lyon de Saint-Marc fut découvert et décrit succinctement par l’abbé Hyppolyte Michon dans sa « Statistique Monumentale de la Charente » publiée en 1844. Il sera ensuite étudié pour la première fois par M. Trémeau de Rochebrune en 1869. Ce long couloir, creusé naturellement par la nature au sud d’Angoulême, est baigné par un modeste ruisseau qui draine ses alluvions sur les terres fertiles qui constituent le jardin potager de la cité angoumoisine. Fascinée, par les ouvertures qui apparaissaient dans la barrière rocheuse et sachant que les archéologues du XIXe siècle en avaient pratiqué l’étude, notre association souhaitait connaitre quelle avait été l’évolution du site après cette longue période d’endormissement de 150 années. Le hasard nous mis en contact avec le propriétaire des terrains sur lesquels se positionnait l’ermitage troglodytique. Quelques mois plus tard, avec l’autorisation de Monsieur Alain Grondain, nous commencions l’étude du site. Une vaste opération de débroussaillage fut impérative pour pouvoir accéder aux différentes grottes qui constituaient les habitats monastiques. Creusées par la main de l’homme, ces abris disparaissaient sous l’épaisse végétation qui masquait le site. Le lierre, les ronces, les orties occupaient tout l’espace et ce premier décapage nécessita plusieurs semaines de travail. Lorsque nous pûmes enfin accéder au pied de la falaise, nous fûmes surpris par l’importance du site qui renfermait non seulement les quelques grottes mentionnées dans l’étude du XIXe siècles, mais aussi une quantité d’abris sous roche non décrits, d’habitats adossés à la barrière rocheuses et de grottes non décrites dans cette lointaine et dernière description. Par contre certains éléments reconnus lors de cette exploration ne furent pas retrouvés lors de nos recherches. Notre travail se déroula sur trois années. Un secteur compris entre le viaduc de l’Anguienne et le hameau des « Jésuites » fut prospecté, sur une distance d’environ un kilomètre. C’est le résultat de ces recherches que nous nous proposons de vous découvrir à présent. Adhérents du GRAHT ayant participé à ces recherches : Pierre MAZIERE - Michel DESCLAUX - François PARATTE – Marie-Cécile - Philippe MOREAU – Jeanine MOREAU - François BOISSINOT – Marie-Sylvie BOISSINOT – Perrine BOISSINOT – Pour l’UC : Dominique LAMBERT - Michel GUIGNARD - Patrice CHAUVET - Pour l’ ASME : Ginette LAMBERT – Laurent SIERCK - Alexandre SIERCK Valérie SIERCK

Rappel historique

.

Comme nous venons de l’exprimé c’est l’Abbé Michon qui donnera la première description du site de Saint-Marc. Voici la vision qu’il en rapporte à son époque. « L’hermitage de Saint-Martin de Lyon se trouve sur la rive gauche de l’Anguienne, dans la paroisse de Puymoyen, à peu de distance de Frégeneuil. Ce lieu s’appelle vulgairement Saint-Marc. Il est extrêmement désert et ce côté du vallon qui reçoit l’Anguienne est rempli de rochers caverneux très propres à recueillir des solitaires……..Plus bas du même côté de la colline, on voit différentes cellules creusées au flanc d’un rocher escarpé, dans lesquelles on ne pouvait parvenir que par une échelle mobile ou un escalier en bois. Ces cellules sont à environs cinq mètres du sol. Une d’entre elles est très belle et beaucoup plus grande que les autres. Servait-elle de salle commune aux anachorètes de Lyon ? Je l’ignore. Tout cela est d’une grande antiquité. J’ai vu beaucoup de tombeaux creusés dans le roc au bas de ces cellules. Ils ne peuvent avoir appartenu qu’aux ermites et au petit bourg ou village qui se forma tout auprès » . Quelques vingt cinq années plus tard, M. Trémeau de Rochebrune procèdera à l’étude du site, en 1869. Son étude très poussée à cette époque fut édité dans un bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Charente sous le titre : « Sur les restes découverts dans les environs de Saint-Marc près Angoulême », Il procéda à la reconnaissance de trois grottes ouvertes sur le bord du chemin où jaillit la source de Saint-Marc et pratiqua des fouilles archéologiques dans la vallée baignée par les eaux de cette dernière.

.

Plus loin, dans sa description du site, il indique : « Ces grottes ne sont plus aujourd’hui qu’au nombre de huit, car plusieurs ont été depuis détruite par suite de l’établissement de carrières à pierre de taille ; elles s’échelonnent sur un parcours de trois cents mètres environ » . A celles-ci, il faut associer la grotte sanctuaire de la Fontaine qui selon son propos se divise en trois grottes et dont il donne la description suivantes : « Trois de ce grottes s’ouvrent au niveau du chemin ; de l’une d’elles jaillit une source abondante dont les eaux vont se perdre dans les fossés bordant les prairies avoisinantes ». En fait, cette grotte se divise en trois compartiments distincts mais appartiennent à la même cavité. Nous verrons que ce chiffre est en dessous de la vérité, car notre équipe du GRAHT en a retrouvé quelques autres qui se cachaient sous la verdure recouvrant la falaise, en face de l’habitation de son propriétaire, M Alain Grondain. En effet, une épaisse végétation tombant du haut de la paroi rocheuse, masquait d’autres habitats creusés par les cénobites. C’est dans cet état d’abandon, que nous redécouvrions le site au cours du printemps de l’année 2012. Au début de l’automne de la même année nous reprenions les recherches archéologiques pour vérifier le vieillissement du site en l’espace de 150 ans, son évolution et savoir si aucun indice n’avait échappé à notre prédécesseur du XIXe siècle.

Le site et ses habitats troglodytiques

.

L’ermitage du Lyon de Saint-Marc se développe selon une orientation Sud-est/Nord-ouest, le long de la vallée sud, de la rivière Anguienne. Les différents habitats qui composent ce village troglodytique, s’étendent entre la grotte sanctuaire d’où jaillit la fontaine de Saint-Marc et le hameau des Jésuites. La distance séparant les deux extrémités entre lesquelles subsistent ces vestiges archéologiques, est de près d’un kilomètre. La vaste étendue du site fait qu’il se développe sur le territoire de deux communes de la Communauté de communes du Grand Angoulême. La Fontaine Saint-Marc est implantée sur les terres de la commune de Dirac alors que les autres habitats troglodytiques se trouvent sur l’emprise de la ville d’Angoulême. Jusqu’à la fin de la guerre 1939-1945 le site appartenait à la commune de Puymoyen. Probablement d’origine naturelles, ces grottes ont été aménagées par les ermites qui s’établirent dans la vallée aux alentours du VIe siècle. Nous pensons que cette période qui correspond à l’installation du premier ermite connu de la Charente, Saint-Cyrard, sur le flanc nord du plateau d’Angoulême, favorisa l’implantation de cette communauté au bord de l’Anguienne. L’étude du site, montre que les cénobites de l’ermitage se déployèrent à partir de la grotte sanctuaire baignée par sa source miraculeuse , en direction de l’ouest, au Lyon de Saint-Marc, où se positionne la SCEA (Société Civile d’Exploitation Agricole) de M. Alain Grondain, Propriétaire des grottes. Nous avons lors de nos recherches, positionné quatre pôles d’habitats groupés ainsi : - Le groupe de la « Chapelle Saint-Marc et sa Fontaine », - Le groupe des « Carrières », - Le groupe de la « SCEA Grondain », - Le groupe Grotte de « Chez Nérat », - Le Groupe des « Jésuites » .

La Grotte Sanctuaire et ses habitats troglodytiques

.

Saint Marc - Son Martyr

Selon la tradition, Marc appartiendrait au peuple juif. Il serait né trois années après Jésus, dans la province romaine de Cyrénaïque, aujourd’hui Cyrène, en Lybie. Appelé « Jean surnommé Marc » il devint Jean-Marc et on le disait très proche des apôtres Pierre et Paul. Ce n’est qu’au IVe siècle qu’apparaît sa légende. On le dit capturé, puis torturé par les païens, jaloux des nombreuses conversions qu’il fit à la nouvelle religion chrétienne. L’autorité romaine l’arrête un 24 avril et la foule déchaînée le traîne une corde au cou en criant qu’il fallait « mener ce boeuf » au sacrifice. Il fut tiré par les rues de Bucoles (du latin bucolus, garde-boeuf ou lieu servant à faire paître les boeufs), petit port de pêche proche de la ville d’Alexandrie, sous les cris et huées de la foule hystérique. Le soir même, on le jeta au fond d’un cachot. Le 25 commença il fut sacrifier tel un boeuf, puis ses membres furent sur des rochers. Une autre tradition rapporte que son corps fut brûlé après sa mort mais un orage aurait éteint les flammes. Ses disciples auraient embaumés son corps et ses reliques auraient conservées dans une chapelle du port de Bucoles. C’est dans ce lieu saint que les patriarches se font ordonner. .

Saint Marc - Le Lion

Saint-Marc est l’un des quatre évangélistes qui sont représentés sous les formes allégoriques du tétramorphe. L’Ange ou l’Homme pour Saint-Mathieu, l’Aigle pour Saint-Jean, le Taureau pour Saint-Luc et le Lion pour Saint-Marc. Cette identification est la conséquence d’une vision du prophète Ezéchiel et par la description des quatre Vivants de l’Apocalypse selon Saint-Jean. Les Quatre Vivants représentent les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel (Ez 1 ; 1-14). Le lion symbolisant saint Marc est généralement ailé. Parfois il peut être surmonté d'une auréole. Les ailes symbolisent l'élévation spirituelle et le halo symbolise sa sainteté. Nos recherches nous ont permis de retrouver sur le flanc de la barrière rocheuse une sculpture très ancienne représentant un lion. Nous dévoileront les instants particuliers qui marquèrent cette découverte dans notre description des grottes de l’ermitage. Il n’est pas étrange de retrouver ce vocable et cette sculpture en un lieu aussi spécial que le hameau du Lyon de Saint-Marc. Les ermites avaient reconnu dans cet endroit un lieu favorisant la méditation et la contemplation. .

La Grotte Sanctuaire

.

Le site et son environnement

Le cadre historique qui englobe la fontaine et le sanctuaire chrétien, se développe autour d’un affaissement rocheux, à l’intérieur duquel jaillit la source sacrée. A l’est et à l’ouest, deux sentiers pentus couronnent le sommet de la caverne-chapelle. A l’est et à mi-pente, se positionne également une grotte qui fut habitée par les cénobites chargés de protéger le lieu de culte et d’assurer son entretien. A proximité, ouverts dans la barrière rocheuse se distinguent des abris sous roche qui ont vraisemblablement hébergés des membres de la communauté monastique. En direction de l’ouest, le second chemin mène à une cavité formant abri. Creusée naturellement au-dessus du sanctuaire, nous pouvons supposer qu’elle accueillit également un ou plusieurs ermites. .

Le Sanctuaire Chrétien

.

La grotte sanctuaire se développe des deux côtés de la source. Le monument se divise en plusieurs parties distinctes ; A l’ouest, un vestibule d’entrée, jouant le rôle de narthex, un long couloir de 8,80m, muni d’arcades matérialisant une sorte de nef et son collatéral. Ouvert au nord, il pouvait servir à l’occasion de cloître. Un lavoir, aménagé dans cette emprise occupe toute la largeur de cette nef. Il reçoit les eaux de la source coulant dans un aqueduc, selon un axe sud-est/nord-est. Le canal de la source est construit en pierre de taille. Il s’achève à l’entrée du lavoir. Dans sa première section, sur le bas-côté ouest, il mène à un évasement formant une sorte de réceptacle inachevé ou endommagé pouvant correspondre à l’emplacement d’un ancien baptistère primitif. A l’extrémité du narthex, en avant du lavoir, une petite salle aux dimensions modeste sert de passage pour se rendre sur le promontoire/baptistère et près de l’aqueduc de la source. En face, de l’autre côté du canal se perçoit nettement un mur en moellons qui obture l’accès à la salle N°1, faisant office de sacristie. Ce passage percé par la main de l’homme montre une arcade de style roman primitif, comme les autres ouvertures du monument. A droite de cette modification, une nouvelle salle, inachevée ou naturelle et de dimensions très modestes a peut être servie à un usage pratique. C’est en effet le seul endroit avec le point de captage de la source où la position debout n’est pas autorisée. A l’est, sont installés la chapelle avec son autel. Cet endroit constitue le chœur du sanctuaire. Au sud-est, une salle percée de deux portes, joue le rôle de sacristie. Cet emplacement, constituant le chevet extérieur, montre plusieurs transformations qui ont enlaidi le sanctuaire primitif. Le chevet extérieur, orienté à l’est, a été aménagé par les ermites du lieu. Deux ouvertures percées dans le pur style roman primitif donnaient accès, l’une au sanctuaire et son autel, l’autre à la salle N°1/Sacristie. De nos jours, la première a été obturée par des moellons et est en partie recouverte de végétation, quant à la seconde, elle a été bouchée de même, mais une porte en pierre de taille a été réalisée pour donner accès à la sacristie.

.

Les graffiti du Sanctuaire Chrétien

.

Ils se rencontrent dans la chapelle/sacristie ou salle N°1 et dans le sanctuaire où se dresse l’autel chrétien. Ils appartiennent à deux catégories d’intervenants qui séjournèrent à proximité du site ou le fréquentèrent lors de cérémonie ou à l’occasion d’une dévotion à la source. Quelques marques nous paraissent compagnonniques. Nous attribuons les suivantes à des fidèles chrétiens, assidus de la source et de sa chapelle. .

Les graffiti de compagnons

La proximité immédiate de la source était exploitée en carrière, comme nous pouvons le constater sur les documents photographiques. La barrière rocheuse, fut, depuis les temps les plus reculés, exploitée en carrière. Il n’est pas impossible que dès l’époque romaine on préleva les blocs nécessaires à la construction de l’aqueduc de la source ainsi qu’à l’édification de la villa installée près de la rivière Anguienne. Les marques relevées sur la roche à l’intérieur du sanctuaire sont beaucoup plus récentes. Elles datent tout au plus du XVIIIe siècle. Plusieurs dates gravées sur les parois indiquent que ces gravures ont été réalisées à partir de 1741. Nous pensons qu’elles ont été exécutées par les ouvriers qui travaillaient dans la carrière associée à la source. Inscrite au crayon noir ou ciselées sur la roche, elles mentionnent les noms de carriers ou de tailleurs de pierre. Certaines figurations géométriques, triangulations et flèche, relevées dans la chapelle/sacristie dite salle N°1, nous incitent à penser qu’elles sont de leur fait. De même, la gravure de la lettre A, formée des outils, équerre et compas se rapporte sans aucun possible à cette corporation. Parmi les nombreux graffiti inscrits, nous avons identifié les patronymes de quelques carriers pensons-nous, Papon ou Paton, Moulle, Bondin, Auby, ainsi que les prénoms, Jean, Jean-Michel et Martin qui peut appartenir aux deux catégories. Le plus intéressant d’entre eux mentionne le nom complet d’un certains Jean Jouson associé aux dates de 1746 -1786 entre lesquelles s’intercale un personnage féminin à la gravure parfaite. Ce graffiti se positionne sur la paroi nord du sanctuaire à gauche de l’autel. Dans le même environnement, nous avons aperçu, quelques lettres isolées, vestiges de mots ou noms incomplets ou effacés. L’un de ceux-ci pourrait se rapporter à une date, celle de 1915, mais des impuretés de la roche, des chocs ou des surcharges fâcheuses compromettent une bonne lecture. .

Devant le maître autel, le pilier de l’angle sud-est, s’orne de deux gravures. La plus imposante par ses dimensions arbore l’image d’un crucifix reposant sur un piédestal triangulaire. Le dessin est parfaitement ciselé dans la roche. Le tracé est profond, régulier et proprement exécuté. Il monte par sa confection, la dextérité et la maitrise de l’outil utilisé par son auteur lors de sa réalisation. Il est probablement l’œuvre d’un compagnon tailleur de pierre. Dans l’angle supérieur gauche du bras de la croix, est incisée discrètement une croix au contour plus indécis. Ce graffiti n’en demeure pas moins intéressant par sa présence en ce lieu car il évoque le souvenir des cérémonies qui s’y déroulaient et sa fréquentation par les fidèles. Cette petite croix a été, à notre avis, gravée par l’un des croyants venant communier dans la chapelle. .

La datation de l’ensemble de ces graffiti ne remonte pas semble t-il, au-delà du XVIIIe siècle. Seul le crucifix pourrait dater d’une époque plus lointaine pouvant se situer entre le Moyen-âge et la dernière occupation du site par les ermites, au XVIe siècle. Notre hypothèse repose sur la qualité du tracé du graffiti. Nous avons déjà rencontré au cours de nos recherches, des gravures d’aussi belle qualité. Nous ne pouvons malheureusement pas confirmer cette hypothèse qui repose uniquement sur l’expérience acquise au cours des dernières décennies et non sur des écrits, car malheureusement aucun de ceux qui nous parvenus ne mentionnent ce graffiti. Il en fut de même pour notre confrère du XIXe siècle qui décrit un rocher de pierre calcaire portant une magnifique croix inscrite dans un cercle quarté. Ce bloc a aujourd’hui disparu et c’est grand dommage car il se trouvait semble t-il près de la grotte principale du hameau du Lyon proche de chez le propriétaire du site archéologique. Il se pourrait qu’il soit enseveli sous les tonnes de terre de la terrasse construite par les carriers, pour le stockage ou le transport des blocs de pierre.

.

Le Groupe des "Carrières"

.

Ce groupe se localise près de l’intersection de voies de desserte des îlots d’habitations de la Fontaine Saint-Marc, dit « Chemin du lavoir » et du chemin menant vers la carrière de M. Alain Grondain, en direction du sud, dénommé « Chemin du Lyon » et d’une autre exploitée dans sa proximité. Ce premier groupe orienté au nord-est, est adossé à la falaise. Il se compose d’une très ancienne meulière, et des trois premiers abris aménagés par les ermites retirés en ce lieu de solitude. .

La Meulière

.

Découverte à l’extrême pointe est, de la barrière rocheuse, la roche conserve l’empreinte demi-circulaire de ce qui fut une meule de moulin. Celle-ci fut élaborée dans le corps de la falaise puis enlevée il y a très longtemps. Il subsiste une bordure arrondie de ce qui constituait l’assise de la couronne retirée. La pierre, très dure à cet endroit se prêtait fort bien pour cet usage. De plus la proximité immédiate du front de taille, proche du moulin de hameau du Lyon, limitait les coûts de transport pour le meunier. Le diamètre de cette meule devait mesurer à peu près 1,40m. Un second évidement positionné juste à côté montre qu’un site de taille était exploité ici. L’aspect de la roche ne laisse subsister aucun doute sur la nature du bloc qui fut prélevé à cet endroit. Le diamètre de cette meule était identique au précédent. Aucun autre site de taille, rappelant l’existence de meulières le long de la vallée, ne fut retrouvé au cours de nos recherches. .

L'Abri N°1

.

Cet habitat est aménagé dans le corps de la falaise rocheuse. Deux parois, constituant deux pans de murs perpendiculaires l’un de l’autre, délimitent la moitié d’un espace de vie, du côté ouest. A l’est, il est probable qu’un panneau composé de rondins de bois et d’un tressage mélangeant branchage, végétation et terre, constitue une cloison en pisé. Le toit devait être élaboré selon le même principe, soit, rondins de bois et couverture de végétation. Cet abri, conserve sur l’élément de falaise composant le fond de la pièce ainsi délimité, la trace de trous destinés à recevoir les bois de charpente. Quelques trous naturels ont pu être éventuellement utilisés pour compléter cette architecture de fortune. Dans son aspect d’origine, il délimitait une pièce rectangulaire d’environ trois mètres de long sur deux de large. .

L'Abri N°2

.

P roche de l’habitat précédent, ce refuge est installé dans un renfoncement de l’escarpement rocheux. La muraille porte les traces des métamorphoses souhaitées par les occupants de l’ermitage. Une cavité à la forme arrondie, aujourd’hui en partie remplie de terre et d’humus, laisse émerger le sommet de son apparence originale. Le reste de sa structure est enfouie sous de grandes quantités de débris végétaux qui masquent la base de cet abri. La surface de la roche, garde à hauteur de l’arc de cette niche, l’empreinte d’un trou, qui recevait vraisemblablement le bois de la toiture de fortune, qui couvrait cette case. Les dimensions de cette retraite avoisinaient celles de l’abri N°1, installé à peu de distance. .

L'Abri N°3

.

La falaise, où s’accrochait ce nouvel habitat détient encore à notre époque les cicatrices de son implantation. De grandes dimensions, il occupait un emplacement de grande envergure qui se développait jusqu’au-dessous de la carrière que l’on aperçoit de nos jours. A son extrémité ouest, un escalier fut taillé dans l’épaisseur de la roche pour accéder à la cellule N°1 de l’ermitage. On en distingue encore l’une marche. Une assise rocheuse naturelle, vraisemblablement prolongée et élargie par les moines, soutenaient la toiture de l’édifice. Plusieurs trous percés dans la roche, signalent l’emplacement de l’encastrement de bois de charpente allant reposer sur les poteaux de l’habitation. .

La Carrière/Cellule N°1

.

Si l’on observe attentivement le corps de la falaise, on remarque qu’à l’endroit desservi par l’escalier, dont nous avons découverts les marches au cours de notre étude, la roche forme une assise propre et de grande largeur. Ce travail nous parait être l’œuvre des ermites qui creusèrent, à notre avis la roche, et percèrent une cellule qui fut détruite pour les besoins de l’exploitation de la carrière. Cet ensemble d’habitats contenant l’abri N°3, cet asile supposé et détruit dite cellule N°1 ainsi que la cellule N°2 installée à l’étage supérieur que nous décririons à suivre, communiquait les uns avec les autres. Il nous évoque la physionomie du second groupement installé en face de la SCA Grondain. Un mur de parpaings en pierres de taille ferme l’ancienne façade de cet habitat qui s’inscrivait dans l’héritage héréditaire de la communauté. .

.

La Cellule N°2

.

Ancienne cellule monastique, elle fut transformée et servit de logement de fortune aux carriers qui débitaient les blocs de la carrière. Les ermites montaient à celle-ci par un escalier de plusieurs marches qui fut taillé par leur soin, dans l’épaisseur de la falaise. Nous avons pu en déceler deux, les autres étant recouvertes de végétation. Contrairement aux degrés aperçus et desservant les grottes et cellules de l’ermitage, l’assise est large et profonde. Elle offre une ascension aisée que nous n’avons pas rencontrée en d’autres points de l’ermitage. Parvenu au niveau de l’entrée actuelle, construite par les carriers, se déploie une salle rectangulaire ouverte au nord et à l’est. A l’intérieur, le sol est plane et les parois délimitant la pièce de vie sont parfaitement rectilignes. La surface dégagée offre une aire de déplacement d’environ six mètres carrés. De multiples équipements, feuillures, queue d’aronde, trous de blocage, gonds et saignées d’étagère, entrants dans les systèmes de fermeture et blocage apparaissent en divers endroits de la mansarde. Sa position élevée, son excellente orientation, un éclairage satisfaisant complétée par une hauteur sous plafond favorisant le déplacement, procuraient aux occupants à cet habitat, une aisance et un confort remarquable. .

Un peu plus loin

.

Entièrement masqués par la végétation, nous avons extrapolé l’existence de ce troisième groupe humain avant même de les voir. Trouvant étrange qu’un espace aussi étendu, intercalé entre le groupe de la carrière et celui du Lyon n’affiche aucun signe d’occupation humaine, nous avons entrepris d’explorer en rappel l’aplomb de la falaise, pour savoir de quoi il retournait véritablement. Assister des membres de l’Association des Sports de Montagne et d’Escalade (ASME), nous sommes descendus le long de la paroi pour reconnaitre la portion de falaise cachée sous la frondaison, verdure, le feuillage des arbustes et de arbres et le lierre. Pendant qu’une équipe préparait sa descente sur l’aplomb de la barrière rocheuse une seconde longeait et prospectait sa base. Elle dû se frayer un chemin au coupe-coupe dans l’épaisseur des broussailles, pour reconnaitre le pied de la falaise. .

L'Abri N°4

.

Enfoui sous une épaisse couche de lierre et de végétation, il apparut au détour d’un épaulement rocheux. Cet abri sous roche d’origine naturelle porte les stigmates de l’intervention humaine sur le fronton formant auvent. Deux entailles, larges et profondes recevaient des poutres de bois que soutenaient des poteaux pour allonger le toit de cette retraite. .

L'Abri N°5 et sa Cheminée

.

Voisin du précédent, cet asile renferme une particularité que nous avons déjà rencontrée au cours de nos campagnes d’études sur d’autres sites charentais (Puymoyen, Sers)15, de même nature et d’époques réciproques. Après un débroussaillage intensif, l’exploration menée sur l’aplomb de la falaise, a mis en évidence un conduit grossièrement taillé qui a paru correspondre à un conduit de cheminée. Comme nous l’avons précisé, ce travail de débitage est rudimentaire. Il montre un façonnage primitif, peut être dû à la difficulté de réaliser cet ouvrage dans des conditions assez périlleuses. Néanmoins nous avons décelé une volonté humaine dans la fabrication de cette échancrure qui entaille verticalement la falaise. Elle se distingue sur la hauteur totale de la muraille calcaire. Près du sol, la roche conserve les nombreuses traces des outils utilisés par les ermites. Trous, encoches, queues d’arondes, entailles et rainures ont laissés leurs cicatrices dans le calcaire. Une petite grotte s’intègre dans le corps de cet abri. Cette cavité de petites dimensions mériterait d’être dégagée de la terre qui comble une grande partie de sa surface. Actuellement, il est difficile de se faire une idée sur sa destination, abri, resserre ou garde-manger? Au-dessus de l’entrée de celle-ci, on devine les combinaisons et arrangements architecturaux qui composent les équipements techniques et domestiques de cette installation humaine, dont cette cheminée ainsi que d’autres points d’ancrages de bois. En effet on perçoit nettement une sorte de tablier rocheux, porteur de trous et d’entailles verticales larges et profondes dans lesquelles venaient s’encastrer des bois de charpente. Ce secteur de l’ermitage mériterait une approche scientifique plus précise. Pour mieux appréhender la compréhension et la disposition de cette construction, il nous faudrait dégager toute la végétation, sur la surface totale de la barrière rocheuse et cela sur toute sa longueur. Travail titanesque il est vrai, mais indispensable pour une prochaine étude plus approfondie. .

Le Groupe de la « SCEA Grondain »

.

Cet ensemble qui se positionne en face des établissements de la SCEA Grondain est le plus remarquable et le plus important. Il compte pas moins de quatre abris sous roche accommodés pour devenir des habitats auxquels s’ajoute une colonie cellulaires de sept cavités transformées en retraites fixes, « troglogîtes » indestructibles et fermées hermétiquement. .

Si la terrasse construite par les carriers a ensevelie les bases d’un grand nombre de ces cabanes de bois accrochées à la falaise sous les grottes creusées dans la roche, on perçoit encore nettement tous les systèmes d’accrochage des bois de charpente et d’évacuation des eaux de ruissellements par temps de pluie. .

L'Abri N°6

.

Long d’une dizaine de mètres, il s’étire selon un axe est-ouest et occupe tout un espace entre les cellules N°3 et N°4 des « Ermites ». Le manteau rocheux situé juste en dessous de la cellule N°3, fait office de couverture. Il montre en façade, une large rainure oblique. Cet aménagement a pu recevoir l’accrochage d’un bois de soutien à un escalier. Cette hypothèse semble se confirmer par une autre saignée horizontale qui pourrait correspondre à un palier. Ces entailles ne nous paraissent pas entrer dans un système d’écoulement des eaux de ruissellement. De plus leur position indique clairement qu’il pourrait s’agir d’un système de communication pour monter jusqu’à la cellule creusée juste au-dessus. Un long sillon horizontal pourrait également avoir servit d’accrochage à un toit de fortune en bois, pour agrandir cet espace de vie du côté de la vallée. .

La Cellule N°3

.

Entièrement réalisé par la main de l’homme, ce refuge est desservi par un sentier étroit accroché à une corniche escarpée, large seulement d’une vingtaine de centimètres. Ce layon étriqué n’autorise pas de faux mouvements. Il s’étire sur une distance d’environ dix mètres. Parvenu à hauteur de la cellule, une porte basse, haute de 1,25m et large de 0.70m constitue l’entrée de l’habitation. La pièce interne, de forme trapézoïdale, mesure 2m de large. La grande longueur, prise dans la diagonale atteint 2,50m. Le sas d’entrée, percé dans l’épaisseur de la falaise, forme un minuscule corridor de 0,40m. Les piédroits conservent les trous de blocage qui servaient vraisemblablement à bloquer un vantail de bois. Des vestiges de feuillures confirment que cette porte se fermait de l’intérieur. Le jambage de droite, porte nous semble t-il, une trace de virgule entrant dans le système de blocage interne. Le fond de cette salle est doté d’un contrefort qui a pu avoir une utilité domestique. En divers endroits se distinguent des trous et entablements qui supportaient peut être des étagères. A l’extérieur, sur le sommet du linteau de roche, a été creusée une gorge en accent circonflexe pour écarter les eaux de pluies sur les côtés. Si l’on observe attentivement la barrière rocheuse près de la sortie en direction de l’ouest, on ne peut manquer une série de quatre orifices groupés par deux qui se positionnent sur le bord de la corniche. Nous ignorons l’utilité de ces derniers, mais au regard de leur aspect cylindrique ils ont pu recevoir des poteaux élaborés à partir de troncs d’arbres, pour soutenir un auvent ou encore appartenir à une structure indépendante. Il nous faudrait avoir une vision d’ensemble plus vaste du pan de la falaise pour tenter d’associer ces mortaises à un ouvrage caché ou disparu. .

.

La Cellule N°4, dite du "Supérieur de la Communauté"

.

C’est de tous les habitats constituant cette importante communauté monastique, l’une des plus remarquables. Implantée à eu près au centre de la vaste étendue de ce dédale de grottes, d’habitats et de cellules, la cellule N°4 s’impose comme le centre majeur de cette occupation et de ses transformations anthropiques qui colonisèrent toute la vallée. Installée dans le corps de la barrière rocheuse, elle illumine par sa majestueuse architecture, à la fois fonctionnelle et esthétique, le vallon fertile baigné par les eaux de l’Anguienne, qui s’étale à ses pieds. .

Le sentier d'escalade du refuge

.

L’excavation est desservie par un escalier rudimentaire et étroit, aux marches irrégulières, sculptées dans la roche. Sa particularité est qu’il prend naissance à hauteur de la cellule N°5. Au sortir de cette dernière, un sentier trouvant son origine sous l’entrée de la cellule N°4, taillé sur une mince corniche, mène à la première marche de l’escalier. Peu avant le palier, la dernière marche de l’escalier est traversée longitudinalement par une rigole, large et profonde qui prend naissance à une hauteur d’environ 1,50m dans le corps de la falaise, sous et au niveau de la première des quatre baies. Son rôle consistait à drainer les eaux de pluies vers le vide, au-delà du passage. En avant de celle-ci et en contrebas de la première grande baie, une longue saignée verticale joue une fonction identique. Afin d’atténuer la dangerosité de la montée, le bas côté est doté d’un parapet épais, percé de trous profonds à intervalles plus ou moins espacés, dans lequel était fiché les poteaux d’une une rampe en bois, pour sécuriser l’ascension. Cet ouvrage remarquable, large d’environ 0,60m, est unique en son genre. Au niveau du palier et face à l’entrée, deux autres trous d’accrochage se perçoivent dans le sol rocailleux. Devant le jambage droit de la porte se dresse une gorge verticale dans lequel s’emboitait le dernier élément de la rampe. Il fermait perpendiculairement le palier et protégeait ainsi la sortie de la cellule. Malgré toutes les métamorphoses qui bouleversèrent le visage de la falaise lors de la construction de l’ermitage, pas un seul des autres exemples d’habitats étudiés, n’a fait l’objet d’une attention aussi perfectionniste. Cet accès est à l’image des multiples agencements sophistiqués qui desservent et meublent la cellule. .

La façade et l'entrée de la cellule

.

La façade surplombant les jardins de l’Anguienne est élégante. Elle possède quatre ouvertures. Débitées dans l’épaisseur de la muraille, elles sont taillées dans un style roman primitif pour les baies principales. Ces deux grandes ouvertures sont percées au centre du groupe et s’intercalent entre deux percements, l’un au diamètre réduit ressemblant à un petit œil de bœuf, l’autre de dimensions plus conséquentes évoquant une lucarne à la forme grossièrement carrée. Parvenu au niveau du palier d’entrée, à proximité de la gorge recevant la rampe et à peine visible, on constate la cicatrice verticale d’une saignée d’évacuation des eaux de ruissellement. Elle draine les écoulements d’eau de l’arase de la lucarne au cintre roman, actuellement obturée par un bloc. A toucher et communiquant l’une avec l’autre par un conduit horizontal évidé une ouverture circulaire parait avoir une fonction d’ordre technique. Son inclinaison et son orientation nous incite à penser que son creusement fut percé intentionnellement selon un certain angle, afin de capter et réfléchir la lumière du soleil couchant dans le but d’obtenir un éclairage maximum de cette chambre de la cellule. Les derniers rayons de l’astre de jour s’engouffrant par cette visée réfléchissaient la lumière vers l’intérieur de la pièce, avant la tombée de la nuit. Il nous semble que c’est une hypothèse plausible car nous ne voyons pas pour quelle autre raison son utilisation aurait pu servir aux locataires de ce refuge. Certains indices, formant de larges cicatrices au-dessus du linteau rocailleux de la porte pourraient correspondre à l’accrochage d’un ancien auvent. L’entrée de l’habitat principal de l’ermitage fit l’objet d’une attention particulière dans son élaboration. Elle parait entrer dans un système défensif élaboré. Les percements entrant dans son processus de fermeture sont tellement élaborés qu’un assaillant voulant forcer l’entrée perdait un temps précieux, permettant ainsi aux moines assiégés de ce monastère troglodytique de s’échapper par une autre sortie débouchant sur le plateau de « Chez Nérat ». Si l’on examine attentivement l’embrasure de la porte, on découvre non pas un mais deux principes de fermeture de cette entrée. Le premier se positionne vers l’extérieur et le second est actionné depuis l’intérieur. L’épaisseur importante de la cloison de pierre autorise cette double claustration. Ce couloir de transition mesure au sol, 0,70 mètre d’épaisseur. Celle-ci atteint, 0,78 mètre sous linteau. La hauteur de l’entrée, assez faible, s’élève à 1,47 mètre et oblige l’arrivant à courber l’échine pour ne pas se cogner la tête. Il nous parait évident que cette particularité pourrait appartenir au système défensif que nous soupçonnons. Le pas de la porte possède un seuil proprement élaboré dans le socle calcaire. Large d’environ 1,50 mètre, sa marche enjambe le passage et donne accès à la cellule. Au sol, légèrement désaxé à l’est, une gorge profonde de 13cm et large de 12cm, traverse le seuil de l’extérieur vers l’intérieur. Cette rainure joue à la fois le rôle de drain pour les eaux de ruissellement mais elle entre également dans le blocage des vantaux de bois protégeant l’habitat. Une incision de même nature entaille le linteau de la porte. Le périmètre de l’ouverture est cerné d’une feuillure contre laquelle venait plaquer et s’encastrer les panneaux de bois fermant la cellule. Côté ouest, trois trous profond recevaient les bois de blocage qui s’ajustaient dans les trois virgules du piédroit est. Une fois positionnés ces contrevents, l’accès devenait quasiment impossible et la cellule imprenable. .

La cellule N°4 et ses &quipements domestiques

.

Cette habitation troglodytique est la plus vaste et la mieux élaborée de l’ermitage. Elle se développe autour d’un couloir d’entrée long de 3,50m qui dessert trois salles. La plus vaste pourrait correspondre à un réfectoire. Une croix latine gravée sur la paroi interne, à droite de la porte, fut le seul graffiti retrouvé ici. Les deux suivantes, plus sombre coïncideraient plus spécifiquement à l’usage d’un dortoir pour ses occupants pour la plus spacieuse et à un local de réflexion, de lecture ou d’échange pour la plus réduite. Un peu comme la salle du chapitre d’un monastère. A l’embranchement des deux salles, la hauteur sous plafond atteint 1,90m. .

Près de l’entrée, creusée dans le sol existe une cuvette profonde de 16cm, parfaitement lisse. Le fond mesure 30cm de diamètre. Au niveau du sol son évasement est de 43cm. Ce bassin nous évoque un mortier pour écraser ou mélanger leur nourriture ou fabriquer le pain. Les ermites ont pu également l’utiliser comme meule pour le grain. La longueur totale de cette retraite est de 8m selon un axe est-ouest. La profondeur de l’habitation est de 4,80m du nord au sud. De chaque côté du corridor, se déploie à gauche de l’entrée, ce que nous définirons comme le réfectoire. A droite, s’ouvre une grande salle dont la fonction évoque celle d’un dortoir où se reposaient les ermites. A l’extrémité sud, ce couloir mène à une troisième salle de plus petites dimensions, pouvant constituer, comme nous l’avons exprimé précédemment, la salle du chapitre. .

Au fond de la cellule, dans l’angle sud-ouest, encombrant les deux salles dortoirs, s’entassent un monticule de gros blocs de pierre obstruant l’emplacement de l’escalier qui permettait d’accéder sur le plateau de « Chez Nérat ». Selon M. Alain Grondain, propriétaire du site, cette opération aurait été effectuée pour éviter les risques de chute dans la grotte, depuis le plateau. .

Le réfectoire percé à l’est, constitue la pièce la plus spacieuse de l’habitation. Percée de quatre baies, la salle s’illumine harmonieusement. L’une d’entre-elles, la seconde à l’ouest, a sa devanture dotée d’une petite niche. Cette salle à la géométrie rectangulaire, s’agrémente de deux niches demi-circulaires, dont la plus monumentale, creusée à l’est, englobe la totalité de l’espace en largeur. A divers endroits de sa surface des rainures verticales et horizontales strient la roche. Cloisonnements, supports d’étagères, perforations de placards, il est difficile d’attribuer une fonction précise à ces équipements. .

Selon les observations de M. Trémeau de Rochebrune, en 1868-1869, cette « grotte » comme il la définit compte deux silos dont il donne la description suivante : « Cette grotte contient deux silos de forme conique ; l’un mesure 2 mètres 75 centimètres de profondeur sur 1 mètre 60 centimètres de diamètre à sa base et 45 centimètres à son ouverture ; l’autre se traduit par 2 mètres de haut 90 centimètres de base et 40 centimètres d’ouverture. Tout autour de l’entrée de ces silos règne une feuillure qui permettait de placer une fermeture au niveau du sol ». .

Lors de nos recherches, nous n’avons constaté la présence que d’un seul silo dans le réfectoire. Le second n’a pu être retrouvé. L’unique endroit où il pourrait se cacher se trouve peut être sous les comblements intervenus à la fin ou au début du XXe siècle. M. Grondain nous a précisé que dans sa jeunesse le fond de la cellule était déjà obstrué par les gravats et qu’il n’avait jamais aperçu ce silo. Le silo creusé dans le réfectoire épouse la forme d’une bouteille. Cette réserve à grains est aujourd’hui pratiquement comblée de pierres. Selon les souvenirs d’enfant de M. Grondain, il tenait debout dans le réservoir de cette fosse. Le diamètre de la bouche de cette cuve mesure 0,50m. Une collerette circulaire large de 6cm, borde l’ouverture. Sa dalle de couverture a disparu. .

La seconde alcôve, au sud, plus modeste est coiffée d’un faîtage cintré au style roman primitif. Une lucarne élégante traverse la cloison qui la sépare de la petite chambre. Elle capte la lumière extérieure par l’éclairage absorbé par les baies et restitue cette luminosité dans cette chambre située tout au fond de l’habitat. Plusieurs stries horizontales indiquent l’emplacement d’anciennes étagères venant butter et reposer sur le retour du mur de l’entrée. .

L’entrée de cette salle à manger était fermée par une porte dont on remarque les feuillures et les gonds sur la roche. Le piédroit sud est d’une très grande régularité. Sa taille est parfaite. Le second près de l’entrée a été endommagé nous semble t-il. Néanmoins il s’agrémente d’un petit guichet dont les contours dessinent le relief de l’île de beauté, mais ce n’est qu’une allégorie. Cet orifice date de l’origine de cette construction. Nous n’avons pas d’explication concernant sa fonction. Peut être entrait-il dans le système de blocage du vantail condamnant la porte ? .

Le grand dortoir se positionne à droite de l’entrée. Cet immense espace semblait voué au repos des ermites. Ces dimensions déterminent une surface rectangulaire de 4,30m de long sur 2,70 de large. La hauteur interne ne dépasse pas 1,25m, ce qui semble confirmer que sa destination était vraisemblablement celle d’un lieu de repos. Seules, la baie percée au nord et les deux portes ouvertes sur le couloir apportaient un éclairage suffisant à l’endroit. .

La porte placée près de l’entrée de la cellule, grossièrement équarrie et munie d’un seuil, permet de s’introduire dans la salle au sol surélevé par rapport au niveau de celui du corridor. La roche du linteau fut volontairement évasée à partir d’une fissure naturelle, pour en permettre le franchissement sans se cogner la tête. Des traces de feuillures et de trous indiquent qu’un vantail de bois fermait l’accès à la chambre. A peu près axé au centre de cette façade, un pilier taillé dans la roche offre avec l’angle de la salle sud, un second accès dans cette pièce. Ce dégagement apporte une commodité supplémentaire lorsque le corridor est occupé. Il offre ainsi une meilleure circulation interne. L’intérieur du dortoir ne reçut que peu de transformations domestiques. Un perçage carré visible sur la paroi ouest laisse présumer l’emplacement d’une niche pour une lampe à huile ou des bougies. Une autre petite cavité installée sur le même côté a probablement servi au même usage. Une cloison de bois amovible, devait clôturer le fond de cette salle et l’accès à l’escalier. En effet, le fond de la chambre abouti sur une sorte de couloir qui devait mener à l’escalier obstrué par les gravats et les rochers qui furent déversés depuis le plateau pour protéger les promeneurs contre des chutes éventuelles. Un muret de moellons bruts est dressé dans le passage reliant la petite salle à ce dortoir. .

En conclusion nous pensons que cette cellule offrant un "certain luxe", abritait le supérieur de la communauté, entouré de quelques uns de ces disciples. .

.

La Cellule N°5

.

Encastrée sous la falaise et en contrebas de la cellule N°4, ce refuge s’étire sur plusieurs mètres de longueur. Il se dissocie en deux espaces accessibles par une corniche profilée sur le bord de la falaise et protégée par un parapet discontinu, taillé dans la roche. Ce foyer de vie est desservi par l’étroit sentier menant à la cellule du « Supérieur ». Aboutissant au bord d’un énorme bloc formant podium, une échelle en rondins accrochée au rocher descendait dans la salle principale. Une fois à l’intérieur de la pièce, on découvrait les encoches taillées dans la pierre recevant les bras de celle-ci. Ce contrefort rocheux fermait à l’est, l’espace de vie. Son angle interne, ouvert sur le vide porte une feuillure qui semble indiquer qu‘une cloison fermait la chambre au nord. Cette hypothèse se confirme lorsque l’on examine le côté ouest du pan de mur clôturant la cellule. Une longue feuillure verticale servait à bloquer ce panneau de bois. Sur la grande paroi interne, formant le bas-côté sud, est percé un trou qui bloquait probablement cette palissade. Une fois confinés derrière cette protection coupe-vent, ses occupants pouvaient espérer un bien être tout relatif. La seconde partie de l’habitation, à laquelle on accédait par une corniche resserrée contre la barrière rocheuse, faisait fonction d’office domestique. Une niche profonde pouvait contenir dans des pots ou autres récipients, des aliments de longue conservation. Il n’est pas impossible que cette alvéole réduite en superficie posséda une toiture de fortune identique aux autres habitats de l’ermitage. Plusieurs trous aperçus dans la roche ainsi que le rocher formant parapet de protection ont pu entrer dans la création de cette couverture. .

L'Abri N°7

.

Il ne subsiste que peu d’éléments visibles de cet habitat qui occupait sous les cellules N°4 et N°5 une étendue identique à ces dernières. Seuls quelques indices de trous d’encastrement de bois de charpente évoquent le souvenir d’une toiture existante. Le sol de notre époque étant différent de celui du XIXe siècle nous n’avons pu reconnaitre les fondations des poteaux soutenant l’armature générale de ce bâti. .

L'Abri N°8

.

A suivre l’abri précédemment décrit, une longue surface de falaise arbore a différents niveau du champ de vision des trous, queues d’arondes et enclavements faisant penser à des planchers suspendus ou à des habitats construits sur plusieurs étages. Au niveau du sol actuel, nous retrouvons des fixations et immobilisations identiques. Incisées dans la roche nous retrouvons également des gouttières en accent circonflexes chapeautant d’anciennes constructions aujourd’hui disparues. Au regard des vestiges apparents, il n’est pas impossible que cet espace est accueilli une architecture dressée sur plusieurs niveaux desservie par des escaliers ou des échelles en bois. .

La Cellule N°6

.

De tous les refuges inventoriés sur le site archéologique, il est celui qui culmine au plus près du plateau de « Chez Nérat ». C’est pour cette raison que les ermites ont compris l’utilité de le doter d’un escalier de fortune, taillé dans la roche pour leurs allées et venues. Selon leur activité, ils avaient vraisemblablement la possibilité de passer par les étages de l’abri N°8, pour descendre palier après palier dans la vallée ou de monter par ce sentier escarpé doté de marches, pour atteindre la terrasse. Malheureusement, ce passage très étroit et escarpé, que nous avons entraperçu, est complètement recouvert par la végétation, impraticable et pratiquement invisible. Il commence son ascension à gauche de l’entrée et grimpe vers l’est, en direction du jardin de la propriété privée de Mme et M. Cézerac qui nous ont autorisés à explorer la falaise depuis le plateau. Pour accéder à ce repaire depuis le pied de l’ermitage, nous avons dû prendre de grandes précautions car il culmine à 8m de hauteur. Percé dans la roche calcaire elle se développe autour d’une entrée axiale selon un plan quadrangulaire dont le fond est hémisphéroïde. L’ouverture de la porte est orientée au nord. L’intérieur permet à deux personnes d’évoluer aisément sans se gêner. L’axe est-ouest mesure 2,20m de long. Depuis le pas de porte jusqu’au fond, cette distance est de 2,40m. Les piédroits de l’entrée possèdent une épaisseur variant entre 0,40m pour celui de l’ouest et 0,50m pour celui qui se dresse côté est. La hauteur de ce passage est de 1,46m. L’habitacle quant à lui est gratifié de quelques centimètres supplémentaires avec un plafond situé à 1,50m du sol. Un vantail de bois fermait ce logement comme en témoignent les trous et feuillures exécutés sur les jambages ou leur proximité. Sur la paroi du fond trois trous servirent probablement de supports à des étagères. Le sol nivelé, favorisait l’installation de deux à trois couchettes. .

L'Abri N°9 "Le Lion de Saint-Marc

.

Cet abri reste une énigme que nous n’avons pas entièrement résolue. Il s’étire depuis le bas de la barrière rocheuse sur une portée d’environ 15 à 20m de long. Cet intervalle se situe approximativement sous l’emplacement de la maison de Mme et M. Cézerac, assise sur le plateau. Doté d’aménagements inédits que nous n’avons pas détectés dans les autres installations, nous pensons que l’édifice construit à cet emplacement avait une destination autre que celle d’un habitat destiné à héberger les ermites. Ses dimensions exagérées par rapports aux autres constructions, des percements d’un tout autre genre et surtout la présence de la sculpture du « Lion de Saint-Marc » découverte sur la paroi de la falaise, nous invite à envisager une construction en bois de nature cultuelle ou hospitalière. Nous ne pouvons bien évidemment pas affirmer cette hypothèse. Nul texte ne mentionne un tel établissement en ce lieu, qui de plus possédait déjà avec la fontaine son lieu de culte. Nos soupçons reposent sur les quatre logements verticaux creusés verticalement le long de la roche et espacés irrégulièrement. Ces creusements évidés en forme de goulets, fermés horizontalement, nous font songer à des emboitements de poteaux qui venaient s’encastrer dans ces logements. Ces supports soutenaient-ils une toiture de grande envergure venant butter contre la falaise, pourquoi pas ? La sculpture du lion, authentifiée par l’expertise d’un compagnon tailleur de pierre, ne décorait-elle pas l’intérieur de ce lieu destiné au culte ou aux soins, autre suppositions que nous devons retenir. Sinon, dans quel but, cette sculpture représentant un lion, symbole de l’un des quatre évangélistes, aurait-elle été sculptée sur la roche. Autant de questions sans réponses auxquelles devront répondre les archéologues et historiens du futur, lorsque sera dégagé le terre-plein surplombant la rue. Autres indices que nous avons retrouvés. Dans la grotte immense que nous avons étudiée à l’extrémité ouest de la barrière rocheuse, à l’intersection des chemins de Chez Nérat et des Jésuites, un grand nombre de graffiti très anciens indiquent une fréquentation du lieu très importante par les pèlerins. L’ermitage pratiquait-il comme à Belleveau16, sur la commune de Sers, l’accueil et l’assistance aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle, c’est également une autre hypothèse à envisager. .

"Le Lion de Saint-Marc

.

Attirés par une anomalie de la roche, nous avons été convaincus après de minutieuses observations, qu’une sculpture très ancienne se cachait dans les ondulations de la falaise. Assurés que nous étions devant une découverte intéressante pour la connaissance du site, nous avons souhaité faire expertiser cette sculpture. Sachant que la silhouette d’un lion était représentée sur la roche calcaire, il nous fallait l’avis d’un expert pour authentifier notre découverte. Nous nous sommes donc rapprochés d’un tailleur de pierre, compagnon du Tour de France de son état et membre de l’Union Compagnonnique, dont le siège est rue Saint-Ausone à Angoulême pour avoir son conseil et ses commentaires. Parvenu sur les lieux, il procéda à un examen minutieux de la roche et de son environnement puis après son expertise nous informa de son jugement.Les impacts de ciseaux de tailleurs de pierre, sont perceptibles en divers points de la sculpture et quelques éclats de roches apparaissent en d’autres. Le burin a notamment laissé son empreinte sur la croupe de l’animal, l’encolure et la tête. Malgré l’usure du temps, la forme complète de la silhouette se détache toutefois encore assez nettement. La réplique de l’animal est conforme aux productions exécutées dans l’imagier médiéval recensé dans nos édifices religieux. Le lion de Saint-Marc rappelle les modèles sculptés à Saint-Martin de Gensac la Pallue, à Saint-Pierre de Mérignac et Saint-Pierre de Châteauneuf. Souvent représenté dans nos églises médiévales, ses rugissements expriment la parole de Dieu.Le lion de Saint-Marc a été réalisé, la tête de face, orientée vers le soleil levant. On peut estimer avec beaucoup de prudence que cette scène, a pu être sculptée vers le XIe siècle. .


.

.

L'Abri N°10

.

L’Abri N°10 : Installé près de l’abri précédent, il montre un remplissage de sa surface habitable assez important. Il est probable que cet espace soit au trois quart enseveli sous les glissements de terre intervenus au cours de siècles. Cette hypothèse repose sur l’observation des installations entrant dans les cloisonnements et blocages de bois qui se retrouvent de nos jours au niveau du sol végétal. Ce refuge est encastré sous une avancée rocheuse qui conserve extérieurement et intérieurement des trous d’emboitement et d’encastrement de bois de charpente et poteaux. La lecture de son architecture complète est faussée par l’ensevelissement encombrant des terres et la végétation. Ils ne nous dévoilent qu’une faible partie de sa physionomie d’origine. Le seul aménagement domestique visible ne concerne qu’une niche positionnée sur l’extérieur. Une campagne de fouille archéologique nous apportera de nouvelles données architecturales sur cet abri qui s’intègre à un ensemble monumental comprenant la cellule creusée juste à l’étage supérieur et accessible par une corniche étroite taillée dans la roche par les ermites. .

.

La Cellule N°7

.

La Cellule N°7 : Dissimulée sous la végétation, cette retraite était totalement invisible. C’est en contournant l’avancée rocheuse de l’abri N°10 que nous avons remarqué un orifice vertical traversant le promontoire rocheux. En façade, deux mortaises incitèrent notre curiosité à pousser plus avant nos investigations et c’est ainsi que nous découvrîmes un étroit sentier qui serpentait vers le haut du rocher. Une fois dégagé des racines de lierres et des autres broussailles, apparut un accotement étriqué, rendant malaisé la montée. Néanmoins, l’ascension se trouva favorisée par les deux marchepieds entaillés dans un bec calcaire. Si l’on observe attentivement le goulet cylindrique, taraudé verticalement, il nous parait possible qu’un piquet planté droit dans son boyau, ait pu servir d’ancrage à une rampe. Dans ce cas, ce guide aurait permis aux ermites de se hisser à hauteur de la première marche pour caler la pointe de leur pied dans cette encoche et grimper ensuite par le sentier, jusqu’à la cellule. Nous pensons que tel fut son rôle. La cellule de forme trapézoïdale s’ouvre au nord. L’entrée en entonnoir mesure sur le seuil d’entrée 0,50m de large. Son corridor taillé dans la roche possède une épaisseur de 0,77m à l’est. Le jambage ouest fait 0,40m. Le linteau se positionne à 1,27m au-dessus du sol. La paroi du fond de l’habitat a une longueur de 2,40m. Le côté ouest où se positionne une lucarne fait 2m de large. Son vis-à-vis, à l’est, de dimensions plus modeste mesure 1,70m. La hauteur au centre de la pièce ne dépasse pas 1,50m. Les commodités à l’usage des occupants de ce refuge sont au nombre de deux. Elles se composent d’une étagère insérée dans l’angle sud-ouest et d’un petit hublot enchâssé dans l’épaisseur de la paroi ouest. Ce dernier diffuse un éclairage discret à l’image de ses dimensions. Il montre une cavité cintrée haute seulement de 11cm. Cet orifice pouvait s’utiliser comme poste de surveillance sur l’extérieur. Sa largeur n’est guère plus importante avec ses 22cm d’ampleur. La mesure la plus conséquente concerne sa profondeur qui atteint 0,50m. Celle-ci s’explique par le fait que ce conduit transperce l’épaisseur de la roche pour aboutir sur l’extérieur. Les ermites ont apporté un grand soin au percement de l’entrée. Les systèmes de blocage se trouvent insérés dans l’épaisseur du corridor d’entrée, à l’intérieur de la cellule. Un trou de défense, au diamètre de 5cm, percé à 0,80m du sol dans une épaisseur de roche de 40cm, entrait dans le principe de protection de la porte, contre une agression extérieure. De gros tous relevés au sol et dans le plafond de la porte laissent présumer l’existence d’une porte munies de gonds. Une belle crapaudine creusée dans la pierre à l’ouest, semble attester cette possibilité. Cette cellule devait être un gîte agréable pour les membres de la communauté logeant dans cet asile. .

.

Le Groupe de "Chez Nérat"

.

Ce sixième groupe d’habitats, tel qu’il se dévoile de nos jours, s’il ne s’étend pas sur une grande surface, n’en demeure pas moins l’un des plus passionnants. Il ne renferme qu’un seul abri insignifiant et une grotte aux salles jumelles de dimensions impressionnantes, qui fut le siège d’une communauté importante. Par son volume immense elle témoigne de l’énorme activité qui transitait entre ses murs. .

L'Abri N°11

.

Comme nous venons de le mentionner, il ne garde que de faibles éléments intéressants de son architecture. Installé à gauche des ouvertures de l’immense caverne, son souvenir ne nous est connu que par quelques pierres qui portent les traces où s’encastraient les bois de charpente et de soutient de la toiture. Il n’en reste que si peu de vestiges qu’il est malaisé d’en déterminer qu’elle fut son apparence et sa finalité d’origine. Nous avons pu reconnaitre une roche taillée horizontalement qui servait de corbeau à une poutre et un bloc aménagé d’une feuillure verticale qui recevait peut être un vantail de porte. Un autre moellon possédant un plateau a pu soutenir un bois de coffrage. Ce sont les seuls éléments de construction apparents, qui nous rappellent que se dressait à cet endroit, une bâtisse adossée à la falaise. .

.

La Grotte/Cellule N°8 de « Chez Nérat »

.

La Grotte/Cellule N°8 : Les commentaires au sujet de cette grotte, exprimés par M. Trémeau de Rochebrune dans le bulletin de la société archéologique de 1868-1869, manquent de précisions et de développement quant à la description de cet habitat, estimé comme le plus important de l’ermitage par son étendue. Voici les observations qu’il nous a rapportées : « La première, située en face du petit village de Lyon, se compose de deux chambres séparées par un pilier central et possède une ouverture assez large. Au fond on remarque deux conduits de un mètre de haut sur 60 centimètres de large, l’un se dirigeant en ligne droite, l’autre un peu obliquement ; on peut les suivre dans une longueur de huit à dix mètres environ, mais on est bientôt arrêté par un mur en pierre sèches récemment construit. Ces deux conduits devaient déboucher sur le plateau qui surmonte la grotte, où nous avons inutilement cherché la trace de leur issue. Façonnés par les premiers habitants, ils ont une grande analogie avec les souterrains-refuges appartenant aux époques primitives. Plusieurs petites niches, les unes rondes, les autres carrées, se remarquent sur la paroi du fond ainsi que dans le voisinage d’une ouverture carrée faisant fonction de fenêtre. Cette dernière, œuvre des cénobites, est pratiquée dans la paroi de gauche ». Ses observations sur cet habitat se résument à ces quelques lignes. Néanmoins ces modestes informations nous permettent de reconnaitre les modifications qui ont touchées le monument, notamment au sujet des deux conduits et de l’existence et la position de la petite fenêtre percée dans la fosse de la grande salle de l’est. Nous allons tenter d’apporter plus de précisions sur cet habitat qui mérite une attention particulière quant à la nature de sa structure générale, son environnement et les aménagements qui le caractérisent. Implantée à la pointe ouest de la barrière rocheuse de Chez Nérat, dans une fracture géologique la séparant de la muraille calcaire des Jésuites, cette grotte/habitat est le monument le plus imposant par sa superficie, sa profondeur, la répartition de ses espaces et aménagements domestiques. La façade de cette grotte/cellule s’étend sur une distance d’environ une vingtaine de mètres. Orientée au nord et positionnée sur une élévation, cette excavation offrait une vision panoramique sur la vallée de l’Anguienne. En partie masquée par la végétation, elle s’enfonce sous une avancée rocheuse. Cette caverne servit probablement d’abri aux hommes, dès la Préhistoire et cette occupation perdura semble t’il sans interruption, comme en témoignent les fouilles archéologiques entreprises par notre confrère du XIXe siècle. En effet, Trémeau de Rochebrune étudia une nécropole installée dans la vallée en face de la source et sa chapelle. Ce cimetière, implanté au sud-est de la villa gallo-romaine et de ses bains, contenait des sépultures que l’on peut rattacher au Haut Moyen-âge. Ces nombreuses tombes en caissons de pierre appartenaient vraisemblablement à l’époque mérovingienne. L’habitat troglodytique se divise en deux salles siamoises qui communiquent ensembles par un passage large de 4m. Ces deux piliers taillés dans la masse rocheuse, forment une arche centrale perpendiculaire à la façade. On pénètre dans ces deux salles par une entrée unique percée par les ermites. La grande ouverture, naturelle à son origine, a subit des transformations dès leur installation sur le site. A la Préhistoire cette brèche béante devait être le seul passage emprunté par les hommes. .

.

L’Entrée Originelle de la Salle Est .

C’est une bouche béante de 4,50m de long, dont la hauteur varie entre 2,50m et 3m. Les cénobites qui s’établirent au sein de la grotte transformèrent leur habitacle pour le sécuriser et améliorer son confort. Les piédroits de cette ouverture portent encore de nos jours les cicatrices des percements et feuillures qui entrèrent dans le principe de fermeture de ce dégagement naturel. A l’est, le pilastre naturel montre des assises de poutres en bois, associées à de multiples trous de blocage que l’on retrouve dans et sur le retour d’équerre et le contrefort internes. La bouche de l’entrée est, se trouve cernée sur tout son périmètre d’une profonde feuillure, contre laquelle venait vraisemblablement s’emboiter un vantail monumental, de grande portée et sûrement très solide. Celui de l’ouest, consiste en un énorme pilier qui joue à la fois un rôle de soutien de la plateforme extérieure formant auvent et qui entre dans la confection de l’arche interne qui divise les deux salles. Son emprise au sol est d’environ 3m. Il entre dans la confection de la porte de la salle ouest. Cette baie immense apporte l’essentiel de l’éclairage convenant à l’illumination des deux salles de la caverne. .

L’Entrée de la Grotte/Cellule .

De dimensions plus ordinaires, cette entrée s’étire en un corridor longiligne de 4,50m de profondeur. Ce sas s’évase en forme d’entonnoir. Large de 1,80m, côté extérieur, il se réduit à 1,05m à l’intérieur de la caverne. La hauteur du passage s’élève 1,80m et autorise aisément les déplacements dans les deux sens. Son aspect colossal est entretenu par des piédroits massifs, dans le corps desquels se révèle la présence d’encastrements de poutres, de rainures et de systèmes de blocages. Plusieurs trous rappellent l’emplacement des piquets de bois, bloquant la porte d’entrée venant plaquer contre la roche, dans les feuillures encadrant l’ouverture. .

.

La Salle Est .

Portique spacieux, c’est dans cet environnement qu’évoluaient principalement les occupants de la grotte. Tous les aménagements domestiques se concentrent dans ce biotope qui constituait le cœur de l’habitation. Près de la grande baie, se terre une alcôve rectangulaire dont la particularité est d’avoir un sol qui fut évidé sur la totalité de sa surface. Cette fosse est longue de 2,30m. Le linteau de la façade se dresse à 1,30m. Cette hauteur, depuis le fond de cette auge atteint 1,70m. Sur la droite, une excavation profonde a pu servir de placard ou de grenier. La paroi constituant le fond de l’alcôve garde l’empreinte de trois trous de confection humaine. Deux d’entre eux ont pu faire fonction de rangements. Le troisième, plus petit, demeure une énigme, car nous n’avons pas d’explication sur sa destination. Sous ces trois percements, la falaise est entaillée d’une bordure formant étagère, qui prend son origine près du conduit/réserve nourriture et s’achève sous une lucarne percée dans l’épaisseur de la roche près de l’angle nord-est de cette cavité. Dans le prolongement de celle-ci, se profile le plan général de la salle. Un trottoir d’environ 30cm de hauteur et à la profondeur irrégulière, sillonne son périmètre depuis l’alcôve jusqu’à la paroi cloisonnant et séparant les deux salles de la grotte. A plusieurs reprises, se remarquent au niveau du sol du trottoir, plusieurs niches. Ont-elles eu comme usage celui de placards de rangement, difficile à déterminer ? Tout au fond de la pièce se dresse une niche grossièrement cintrée combinée avec une étagère, le tout très esthétique. Sur la paroi ouest de cette première salle, se positionnent deux autres niches voûtées de belles factures. A intervalles réguliers sont percés des trous et des virgules parfaitement équarris. Peut-être soutenaient-ils des étagères ? Au sol une petite cuvette creusée dans le calcaire a pu faire office de mortier. Peut être que cette salle fut cloisonnée, si l’on prend en considération l’emplacement de certains de ces aménagements creusés au niveau du sol et près du plafond de la cellule, mais il est difficile d’avoir une interprétation définitive et une certitude sur la destination de ceux-ci. Le sol de cette salle est plat et à peu près régulier. La hauteur au centre de celle-ci s’élève à 2,20m, ce qui autorise les déplacements sans craintes de se cogner. .

La Salle Ouest .

Séparée de sa jumelle de l’est, par une arche grossière de 4m de large, entaillée dans la roche calcaire, elle s’agrémente sur son flanc nord-ouest d’une caverne plus réduite et d’un sas menant en direction des deux conduits décrits par notre confrère du XIXe siècle. La salle ouest, mesure 8,80m selon un axe nord-sud et 3,40m d’ouest en est. Il faut rajouter environ 2,50m à cette dimension pour la profondeur de la cavité positionné à l’angle nord-ouest. Avec ses 1,92m de hauteur sous plafond, elle offrait une déambulation aisée. Cette salle est éclairée par une lucarne percée dans le boyau Nord-ouest. L’entrée principale de la grotte/cellule passe par cette chambre. Au plafond un trou cylindrique, d’un diamètre d’environ 0,80m traverse le manteau calcaire. Il est possible que par ce conduit s’échappait la fumée d’un foyer. C’est pour ces différentes raisons que nous supposons que cette salle constituait le dortoir des ermites, associée à la cavité élargie dans l’angle nord-ouest. De dimensions modestes, cette alvéole fut le siège d’une activité graphique très intense, car c’est en cet endroit que se concentre la majorité des graffiti que nous avons relevé sur ses parois. La principale curiosité se cache dans l’angle sud-ouest du fond de la paroi sud. Un sas d’évacuation, car nous sommes persuadés que tel était sa fonction, répartissait la circulation des piétons vers l’extérieur, en cas d’une agression sur la communauté. Ces deux boyaux entraient selon nos observations dans le système de défense et de protection de cet habitat. .

.

Le Sas .

Cet étranglement large de 1,20m et haut de 1,40m, filtrait les déplacements en direction des deux sorties de « secours ». Sa hauteur s’abaisse très rapidement et il faut s’agenouiller presque immédiatement pour se glisser dans le conduit choisi. Sa longueur ne dépasse pas les 1,50m et il donne immédiatement la possibilité aux fuyards d’emprunter l’une ou l’autre des issues. Le fond de ce passage donne accès à une porte basse proprement exécutée qui s’ouvre sur le point de bifurcation des deux dégagements. .

Le Boyau Nord-Ouest .

Le conduit de ce premier passage n’est praticable qu’en reptation. On se faufile à l’intérieur par un goulet proprement aménagé mais étroit. Sa largeur de 0,85m, n’autorise qu’un seul individu à la fois. A cet emplacement, la hauteur est également très faible. Elle atteint seulement 0,95m. Après avoir rampé sur environ 2m, on atteint l’air libre. Parvenu à cette extrémité, on débouche sur la terrasse et au pied du mur de soutien des terres formant enceinte de la maison du hameau de Chez Nérat. .

Le Boyau Sud-Ouest .

Jouxtant son jumeau, son étendue est plus limitée. Pour l’emprunter il faut se plier aux exigences de son exigüité. Sa hauteur est limitée à 0,93m. L’entrée porte une échancrure à droite dont le sens nous échappe. Près de la sortie, existe sur la paroi de gauche, une large entaille faisant le tour complet de cette ouverture et un trou sur celle de droite. Les sorties de ces deux boyaux sont distantes l’une de l’autre, sur le terreplein, d’environ 2m. .

.

Les Graffiti de la Grotte/Cellule N°8 .

Les Graffiti : Ils occupent presque en totalité les parois des deux salles de la cellule. Ils se composent de noms d’individus vraisemblablement de passage, de silhouettes animalières, de graffiti compagnonniques, de personnages et de bâtiments religieux, un blason, des patronymes, des initiales et des fragments de textes d’écritures anciennes et quelques dates d’occupation ou encore de visite de la grotte. Bien que ces gravures occupent le moindre recoin de cette cellule, quatre emplacements concentrent un maximum de ces inscriptions. Le premier se positionne sur la paroi est, le suivant sur la paroi ouest de la grande salle. Le troisième est dans la salle ouest et le dernier se trouve dans le sas. Les graffiti les plus intéressants qui furent découverts sont en rapport avec le lieu. Isolé, à l’écart de toute concentration humaine, le site regroupait des anachorètes qui avaient voué leur vie à Dieu et à la méditation. Lors de notre étude nous avons reconnu le visage d’un personnage âgé, semblant être dans une profonde méditation. Les traits du visage se dessinent nettement malgré l’ancienneté du tracé. Le salpêtre et les champignons microscopiques recouvrent telle la lèpre les détails de ce portrait exécuté de profil. L’œil fermé, le nez et la courbure du front, le trait de la bouche, le menton, la chevelure et l’oreille gauche sont encore précis. La profondeur du tracé est rehaussée par les mousses et les champignons qui teintent involontairement les creux et rondes-bosses de sa morphologie. Sur la paroi opposée, se devine un graffiti qui regroupe quatre à cinq personnes tenant un bâton. Nous interprétons cette figure comme un groupe de pèlerins marchant accompagnés de leur bourdon. Leur tracé est très stylisé. Seul celui qui se positionne au centre garde quelques détails de la physionomie de son visage. Ce type de gravures se rencontre sur de nombreuses églises jacquaires. Ces pèlerins partaient-ils vers la lointaine Galice, sur le tombeau de l’Apôtre Jacques, c’est une hypothèse que nous devons envisager. Nous avons retrouvé dans la grotte de Saint-Cyrard sur le plateau d’Angoulême, un graffiti qui ne laisse aucun doute à ce sujet. De plus, pour se rendre à Mouthiers étape jacquaire de la « Via Ecolisma », chemin secondaire emprunté par les jacquets, ces derniers pouvaient se dévier et passer par l’ermitage où ils étaient certains de trouver un hébergement et un accueil chaleureux. Ce que laisse également présumer un autre graffiti situé à l’entrée du sas de la salle ouest. Une gravure détaillée et au dessin parfaitement conservé, dévoile la silhouette d’une chapelle. Son interprétation ne peut être mise en doute car ce monument est surmonté d’une croix latine. Nos recherches sur la glyptographie et les témoignages laissés sur les lieux fréquentés par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle nous ont permis d’établir que les jacquets utilisaient le langage des signes gravés sur la roche, pour communiquer à leurs congénères une foule de renseignements pouvant les aider dans leur pérégrination. Parmi la multitude de d’inscriptions relevées nous en attribuons quelques une à nos amis compagnons tailleurs de pierre. L’une d’elles est très caractéristique des marques laissées par ces derniers. Deux lettres, un A et un M entrent dans la production compagnonnique. Si la qualité de la gravure de la lettre M est endommagée, celle de la lettre A est assez significative pour reconnaitre la marque d’un tailleur de pierre, probablement employé sur le site d’exploitation des carrières au XIXe siècle. Le compas et l’équerre s’entrelacent dans le dessin, comme cela doit être. Une gravure très simple semble représenter un lapin. Cet animal désigne l’apprenti dans le compagnonnage. Parmi les nombreuses productions examinées sur la roche, quelques unes que nous n’avons pu rattacher formellement au compagnonnage, possèdent une qualité calligraphique très précise. Elles ont été exécutées au ciseau avec une grande dextérité et précision. Les entailles observées confirment l’usage de cet outil, ainsi que les détails infimes illustrant la maitrise artistique dans l’achèvement du trait. Gravé dans le sas de la salle ouest, se dissimule un blason assez bien conservé. D’après son dessin ce serait un blason français moderne datant du XVIe siècle. Bien que nous ayons compulsé plusieurs ouvrages sur l’héraldique et la noblesse charentaise, nous n’avons pu retrouver à quelle famille appartenait ce blason. Sa description montre qu’il porte une mince bordure sur le périmètre de son contour. Il porte une barre en guise de pièce honorable qui prend naissance dans le canton senestre du chef et s’achève dans le canton dextre de la pointe. La partition principale de l’écu se lit « Tiercé en barre ». Nous pensons néanmoins qu’il est incomplet car nous devinons un second élément de pièce honorable qui pourrait laisser penser qu’il était en sautoir plutôt que sous l’aspect unique d’une barre. Enfin, se devine en pointe une coquille Saint-Jacques reconnaissable à ses oreillons et à sa valve, figure héraldique évoquant le long voyage vers Santiago de Compostela. Bien que nous ne possédions aucune information sur les métaux et couleurs de ces armoiries, ce blason pourrait ainsi se définir, « Au sautoir ?, accompagné en pointe d’une coquille Saint-Jacques ? » ou encore s’il s’agit d’une barre « A la barre ?, accompagnée en pointe d’une coquille Saint-Jacques ? ». Nous pouvons donc envisager à son sujet, qu’il pourrait appartenir à une famille étrangère à notre région et être la propriété d’un pèlerin de passage. Pour clôturer notre commentaire sur la description de cette grotte/cellule, nous devons considérer ces graffiti comme des témoignages importants de la vie de l’ermitage durant la longue période au cours de laquelle les ermites résidèrent dans ses entrailles, mais aussi après leur disparition vers le XVIe siècle. .

.

Conclusion

.

Les recherches menées par notre association le Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques Tolvère, le« GRAHT » sur l’ermitage de Saint-Marc durent depuis plusieurs années. Aujourd’hui encore, nous poursuivons nos observations bien que l’essentiel de nos recherches nous a livré un bon nombre d’informations et de découvertes supplémentaires inédites. Nous avons néanmoins à déplorer la perte d’éléments archéologiques qu’avaient observés M. Trémeau de Rochebrune en 1868-1869. Nous n’avons pas retrouvé le gros rocher qui portait cette magnifique croix cerclée gravée sur la roche. Nous n’avons pas trouvé le second silo dont il fait mention dans récit dans une des grottes/cellules. Il manque également les quelques tombes d’ermites creusées en forme d’auges dans la roche, qu’il mentionne à proximité des grottes. Parmi les nouveautés et découvertes réalisées par notre association, il ressort que nous avons exploré et sectorisé la rive gauche de l’Anguienne depuis la chapelle de la source jusqu’au village des Jésuites » afin de reconnaitre et délimiter de manière précise l’étendue de l’ermitage, sous une approche archéologique et scientifique. Nous avons établi le discernement entre les habitats construits à partir des abris sous roche, les cellules percées dans le corps de la falaise et les grottes/cellules aménagées par les ermites, pour héberger la communauté entière, durant les quelques milles années où ils résidèrent dans la vallée. Enfin nous sommes les inventeurs, avec Fabien Truffandier, de la découverte de la sculpture du « Lion de Saint-Marc », de la rampe d’escalier, du mortier ou meule de l’entrée et des graffiti inventoriés dans la cellule N°4, et la grotte/cellule N°8. A cela il faut associer la meulière et la cheminée de l’abri N°5, etc. Nous avons également repoussé les limites de l’étendue de l’ermitage qui se poursuit le long de la barrière rocheuse jusqu’au hameau des « Jésuites » avec quelque habitats supplémentaires. Pourquoi, en ces temps reculés, ces hommes de foi décidèrent-ils de s’installer dans cette vallée humide ? Ces religieux suivirent l’exemple du seul parmi eux qui à cette époque décida de vivre en ermite sous les remparts d’Angoulême. Il est certains que Saint-Cyrard, joua vraisemblablement en ce VIe siècle, un rôle de catalyseur dans l’esprit et la démarche de ces hommes attirés vers l’absolu, pour vivre très pauvrement et se rapprocher de Dieu. Ne pouvant accueillir tous ces disciples autour de lui, le lieu étant déjà occupé et insuffisant pour accueillir d’autres adeptes, ils durent se choisir un autre lieu convenant à leur future communauté. Les berges de l’Anguienne et sa vallée luxuriante remplissaient les conditions favorables à leur installation et à leur épanouissement. Si nous ne pouvons affirmer qu’une telle sédentarisation se déroula ainsi, les creusements, agrandissements et aménagements effectués dans les abris et grottes de la barrière rocheuse, correspondent archéologiquement à ceux retrouvés sur d’autres sites de notre région et en dehors de celle-ci. Ceux-ci constituent une base de datation nous permettant d’estimer l’origine approximative de la première période d’occupation chrétienne. Enfin, certains détails d’architecture, comme les voûtes cintrées, indiquant un caractère primitif de ce savoir faire et la sculpture du lion réalisée sur la falaise, confirment une colonisation de la vallée sur une longue durée, tout au long du Haut Moyen-âge et du Moyen-âge. Ce phénomène religieux se propagea à toute la Charente et principalement autour des rives de rivière bordées par des barrières rocheuses de même nature géologique. Les communes de Sers, baignée par les eaux de l’Echelle, Mouthiers, arrosée par la Font de Quatre Francs, Puymoyen, traversée par les Eaux Claires ainsi que celle de Soyaux irriguée par celles de la Font Noire, toutes ont accueilli sur leur territoire des communautés d’anachorètes. L’Anguienne, proche d’Angoulême, fut probablement l’une des premières rivières à héberger une confrérie de solitaires. Malheureusement aucun texte ne mentionne sur les autres sites, leur présence durant les presque mille ans qui suivirent. Nous n’avons connaissance de leur existence officielle, qu’à la fin du XVe siècle. Toutefois, un extrait de l’Inventaire des titres du chapitre cathédral d’Angoulême daté du 07 juin 1490 indique qu’un village existait au Lyon, ce qui laisse supposer qu’une population vivait à proximité de l’ermitage. Nous savons, par un acte notarial royal du 08 décembre 1516, passé entre Jean Giraud, sieur de Frégeneuil et messire Hugues Bessoc, sieur d’Ortebise (Hurtebise) que le frère Nicolas d’Etaules guidait la communauté et que les terres et dépendances qui leur étaient conjointement données et baillées par les deux donateurs se transmettraient aux successeurs de son ordre. Ces possessions comprenaient, la chapelle et l’ermitage de Saint-Martin de Lyon et il était imposé audit frère de demeurer à l’ermitage, de l’entretenir et de faire le service divin dans la chapelle. Dans un autre acte daté du 02 novembre 1527, ces ordonnances deviennent plus restrictives « … Cibard Couillaud, conseiller du roi en la cour du parlement de Bordeaux, seigneur d’Ortebise, concède à frère Jean Le Roy, hermite, pour lui seulement et sa vie durant, l’hermitage de Saint-Martin de Lyon avec ses dépendances qui sont : la chapelle, le jardin, la cour et le menu bois étant attenant à la dite chapelle, le tout faisant partie de la seigneurie d’Ortebise, à la charge de payer pour chacun audit bailleur la somme de 30 sols tournois………. ». Puis un peu plus loin dans le texte, il est nommément imposé à ce dernier des restrictions encore plus impératives. « Les seigneurs d’Ortebise, ennuyés de l’importunité ou de l’inconstance des solitaires, voulurent les éloigner pour toujours de leur logis, et ne permirent que par grâce à frère Jean Le Roy d’y demeurer pendant sa vie, sans qu’il lui fût permis d’y faire venir d’autres sujets2». Ces quelques lignes sont intéressantes à plus d’un titre car elles précisent que les ermites résidaient toujours à l’ermitage entre 1516 et 1527, mais à cette date il ne semble plus en rester qu’un seul. Il est fort probable que les loyers demandés par les seigneurs d’Hurtebise et l’impossibilité d’y maintenir une communauté, chassèrent les ermites, plutôt que la soi-disant inconstance ou importunité invoquée par les maitres du château, installés à une distance raisonnable des grottes. Quelques décennies plus tard, un autre procès verbal de délimitation des terres et seigneuries datant du 20 janvier 1552, précise que les biens de l’ermitage appartiennent, au chapitre de l’église cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême. Toutefois, la présence de témoignages jacquaires, du blason et des dates de 1743 et 1778 indiquent que le site était toujours fréquenté entre les XVIe et XIXe siècles. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’une présence ecclésiastique se soit prolongée très épisodiquement sur le site, au cours de cette période et cela jusqu’à l’approche de la Révolution Française. Le lieu, propice à la méditation attira peut être quelque ascète, contemplatif, frère de la charité, épris de solitude, d’où un retour aux sources pourrait-on arguer, pour être plus proche de Dieu et de son fils. Au XIXe siècle, comme le mentionne, notre confrère, c’est une autre population qui va prendre possession des lieux. Les compagnons du Tour de France, tailleurs de pierre, carrier et autres artisans investissent les deux berges de la vallée et durant de nombreuses décennies ils vont extraite des milliers de tonnes de pierre. Cette activité transformera le paysage de la vallée. C’est au cours de cette période que l’ermitage subira ses transformations et c’est un miracle si le site a échappé à la destruction totale. Nous avons observé en divers points de son étendue les bouleversements et mutations qui le touchèrent. Destructions totale ou en partie d’habitats, modifications de quelques uns, adaptation aux besoins de certains d’entre eux, voici les mutations qui touchèrent le site, lorsque le souffle des grandes idées et des grands chantiers de la Révolution Industrielle du XIXe siècle, s’engouffra dans cette vallée paisible. Retirée du monde où régnaient le calme et la sérénité depuis 1000 ans, le paysage se modifia progressivement et l’ermitage entra dans un profond sommeil, jusqu’à nos jours. Nous espérons que ces larges extraits de notre étude du site de l'Ermitage de Saint-Marc aideront le lecteur à mieux saisir le monument dans son ensemble. Peut être que, comme nous l'avons fait, d'autres chercheurs entreprendront de nouvelles recherches dans 150 ans qui permettront, nous l'espérons, de découvrir ce que nous n'avons pas réussi à retrouver. Aujourd’hui, la vallée et le site ont retrouvé cette paix. Le lieu est devenu une promenade très affectionnée des Angoumoisins, car régulièrement, ils passent nombreux sur le chemin qui dessert la chapelle et sa fontaine. Beaucoup ignorent qu’à l’aube du christianisme des hommes de foi, avaient par choix, pour l’amour de leur prochain, choisis de s’isoler dans cette oasis, pour être au plus près de Dieu. .

Inventeur du Site - Trémeau de Rochebrune .

Etude du Site Archéologique - Daniel BERNARDIN .

Inventeurs des découvertes du XXè siècle « Le Lion de Saint-Marc » et de la Grotte/Cellule N°13 : Daniel BERNARDIN - Fabien TRUFFANDIER .

Intervenants sur le site : Michel DESCLAUX-Inventeur de la Découverte de la cheminée - Pierre MAZIERE - François PARATTE - Marie-Cécile Paratte - François Boissinot - Marie-Sylvie Boissinot - Perrine Boissinot - Philippe Moreau - Jeanine Moreau-Inventeur de la Découverte Grotte/Cellule N°13 - Dominique Lambert (UC-Union Compagnonnique des Devoirs Unis du Tour de France ) - Laurent Sierck (ASME-Association de Sport de Montagne et d'Escalade) - Valérie Sierck (ASME-Association de Sport de Montagne et d'Escalade) - Alexandre Sierck (ASME-Association de Sport de Montagne et d'Escalade) - Ginette Lambert (ASME-Association de Sport de Montagne et d'Escalade) .

Références (bibliographie, archives, photos, photos IGN…) - Statistique Monumentale de la Charente J.H.MICHON -1844- Etudes Pré-Historiques – Anthropologiques et Archéologiques dans le département de la Charente Premier Mémoire - « Sur les Restes découverts dans les environs de Saint-Marc près d’Angoulême » Trémeau de Rochebrune BSAHC.4e série Tome VI. Années 1868-1869- Puymoyen La Vallée des Eaux Claires Géomorphologie et Ecologie Habitats Troglodytes de Pré Marty Daniel BERNARDIN Alain TEXIER – Thibaud GABORIT Claude BREGE – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX Bernard FABRE – Matthieu MOUNIER Pierre-Emmanuel BREGE – Richard LAFONT Christine BERNARDIN – Nathalie JOUSSEAUME Editions GRAHT 2003- Puymoyen La Vallée des Eaux Claires Les Ermitages Monolithiques de Champs des Prauds Daniel BERNARDIN - Christine BERNARDIN Matthieu MOUNIER – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX Emmanuel CAZE - Claude BREGE – Richard LAFONT Bernard RAMETTE – Steve RAMETTE – Alain MINCET Robert DUMAS – Marion GOUMAIN Delphine JOUSSEAUME– Nathalie JOUSSEAUME Editions GRAHT 2004- Chapelle « La Commanderie » Confolens Bernard FABRE Daniel BERNARDIN 2000- Sers Belleveau Un Ermitage Monolithique Ses Habitats Troglodytiques Et Sa Fontaine de Dévotions Daniel BERNARDIN Avec la participation de Pierre MAZIERE – Fabien TRUFFANDIER Michel DESCLAUX – Bernard RAMETTE François PARATTE – Pierre DUPUY Steve RAMETTE – Paul DUPUY Editions GRAHT Septembre 2013- Sers Grottes – Souterrains Refuges et Ermitages Troglodytiques Daniel BERNARDIN Avec la Participation de Jacqueline Dupuy – Fabien TRUFFANDIER Bernard RAMETTE – Isabelle RAMETTE Marie-Cécile PARATTE – François PARATTE – Bruno DESCHAMPS GRAHT/SRA 2012- Dévotions et Saints Guérisseurs Contributions au Folklore Charentais, Angoumois, Aunis, Saintonge Marc LEPROUX Presse Universitaire de France 1957- Figures Romanes Franck HORVAT – Michel PASTROUREAU Editions du Seuil 2001- Bestiaire du Moyen Âge Michel PASTOUREAU Editions du Seuil 2011- Les Compagnons en France et en Europe Tomes I –II Roger GARRY 1973- Etude sur les Marques de Tailleurs de Pierre Franz RZIHA 1993- Guide des Outils Et Objets domestiques André MERCUZOT Identification – Restauration Jean-Cyrille GODEFROY Mars 1997- Les Œuvriers des Cathédrales François ICHER Editions de La Martinière 1998- Paris Graffiti Les Marques Secrètes de l’Histoire Christian COLAS Parigramme/Compagnie parisienne du livre (Paris) 2010- Une France Insolite Les Troglodytes Nicole LAZZARINNI – Herbé HUGHES Editions Ouest France 2002- Carte Archéologique de La Gaule La Charente 16 Christian VERNOU Avec la Participation de Claudine VERNOU-MAGISTER José GOMEZ DE SOTO Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Ministère de la Culture et de la Francophonie 1993- Cappadoce Berceau de l’Histoire Ömer DEMIR Membre de la Société Internationale De Recherches Archéologiques 2011- Le Blason des Armoiries Hiérosme DE BARA Imprimé à Lyon par Barthélémy VINCENT en 1581 Editions Jean de BONNOT 1975- Procès Verbal de l’Assemblée du Ban et Arrière Ban De la Sénéchaussée d’Angoumois (1666-1167) Th. De BREMOND D’ARS L. Clouzot, Libraire-Editeur Niort - Rue des Halles 1866- Armorial de la Charente Alexis FAVRAUD- Armorial des Principales Maisons du Royaume Pierre Paul DUBUISSON Publié en 1757 Editions Jean de Bonnot Janvier 1987- .

Photos - Daniel BERNARDIN - Fabien TRUFFANDIER - François PARATTE

Liens Relatifs


Précédent |  Suivant
comment_system(article,95)

Temps : 0.1686 seconde(s)