L'ISLE D'ESPAGNAC La Font Chauvin 2
Date : Samedi 06 août 2011 @ 09:23:53 :: Sujet : PREHISTOIRE - PROTOHISTOIRE
L’ISLE D’ESPAGNAC (Charente). La Font Chauvin, 2ème campagne de fouilles.
Les Données de l’Intervention Archéologique :
La seconde campagne réalisée sur le site de la Font Chauvin à l’Isle d’Espagnac a repris l’étude de la fosse monumentale qui fut dégagée en 2003. La zone fouillée s’étendait sur une surface de 35m² entre le bassin du lavoir et l’aqueduc. Les sondages pratiqués au cours de ces deux années révélèrent des vestiges indiquant une occupation humaine ininterrompue depuis la préhistoire.
L'équipe du GRAHT :
Membres qui participèrent à cette opération de fouille :
Daniel Bernardin, Emmanuelle Faure-Gignoux, Bernard Fabre, Emmanuel Caze, Matthieu Mounier, Alain Texier, Jean-Marie Texier, Nathalie Texier, Bernard Ramette, Steve Ramette, Amandine Ramette, Floriane Laverat, Laure Charreton, Marion Goumain, Jean-François Lamonerie, Martine Caze, Robert GrimaudAlain Mincet, Cyndi Bretonnet, Eric Delmas, Michel Chauvin, Eric Vieuille,
Saisie Informatique :
Christine Rousseau, Nathalie Jousseaume, Delphine Jousseaume,
Site Internet du GRAHT :
François Rousseau, Bruno Deschamps, Daniel Bernardin
Conseillers Scientifiques, Datation :
M. André Debenath, M. Didier Rigal, M. Michel Martzluff, Jean Abelanet, Sabine Nadal.
Assistance Technique apportée par:
Techniciens de la COMAGA :
Jean Ben Aomar, Eric Soulan, Bruno Labet, Corinne Buzard,
Techniciens de la Commune de L'Isle d'Espagnac :
Jean-Marie Lacourly, Gérard Vedrenne
2ème campagne de fouilles
Un Mégalithe Indéterminé :
Plusieurs blocs, qui affleuraient en surface, furent mis à jour au fond de la fosse dégagée en 2003. Le dégagement d’un monolithe, fit apparaître d’autres blocs encastrés sous une grande dalle, découverte lors de l’opération de l'année précédente, posée verticalement et percée d’un trou circulaire. Trois de ces blocs, portent les traces d’un travail humain
Reposant à une profondeur de 1,50m, ces pierres en calcaire local, occupaient leur place d’origine, en position renversée. Elle délimitaient une aire à peu près carrée et deux grands blocs occupaient les angles SO et NE.
Cette structure mégalithique très perturbée, semble être matérialisée par cinq dalles de dimensions et de grosseurs inégales.
Un Ouvrage Hydraulique Gallo-romain :
Soupçonnée lors de la campagne 2003, la présence gallo-romaine s’est affirmée au cours des sondages 2004. Malgré les profonds bouleversements intervenus sur le site au cours des siècles, il a été reconnu un pavage situé près de la source, un monument hydraulique toujours en cours de dégagement, et de nombreux éléments de construction « opus mixtum ».
Le monument hydraulique gallo-romain est matérialisé par la grande dalle trouée citée précédemment. Celle-ci reposait sur les orthostates du mégalithe renversé. Utilisés en remploi, ils servaient d’assise au monument antique. Un mortier de tuileaux fut employé pour sceller les blocs entre eux.
La dalle de cet ouvrage, montrait un trou ou oeil percé dans l’épaisseur de la pierre. A l’intérieur de la fosse, la surface de la roche bordant cet orifice, portait une collerette ou un boudin circulaire. Vers l’extérieur, l’autre face ne portait aucune trace de travail. Les traces d’outils apparaissent nettement dans le conduit. Nous pensons que l’artisan a commencé son percement par la face ornée du boudin. Sur celle-ci, la bouche béante est plus large, de plus le conduit se rétrécit et enfin la finition est plus marquée sur la face sculptée. L’autre coté montre une certaine irrégularité et la roche est éclatée sur la partie plane.
L’Extension Médiévale au Monument Gallo-romain :
Elle consiste en un lit de pierres plates posée sur le coté sud de la fosse, entre le bassin du lavoir et la dalle trouée. Large d’environ 2m sur 0,60m de profondeur, il était constitué de pierres inégales. Cet étage formait un sol pavé, reposant dans une couche d’argile bleuâtre, au-dessus du niveau gallo-romain.
Trois blocs encadraient la dalle trouée, deux au nord, un au sud. Au nord, ils prolongeaient l’ouvrage gallo-romain et venaient buter contre l’aqueduc. Au sud, le bloc est décalé selon un angle rentrant de 30°. Cet élément porte une large entaille verticale qui touche la dalle trouée. Il est possible que cet espace vide, entrait dans le principe de fonctionnement du nouvel agencement hydraulique médiéval.
Le Réseau Hydraulique du XXème siècle :
Au XXème siècle, l’autre extrémité du bloc sud, fut mutilée pour la pose d’un réseau d’adduction d’eau secondaire, acheminant l’eau dans un tuyau de porcelaine blanche. Cette conduite semble se diriger vers un regard situé à 16,20m de distance, à l’autre extrémité de l’aqueduc.
Culte et Dévotions à la Font Chauvin :
Toutes les civilisations ont été fascinées par le mystère des eaux qui surgissent des entrailles de la terre et la Font Chauvin n’échappa pas au phénomène.
Symbole de fécondité et de vie, l’eau, tout comme les arbres, les rochers et les mégalithes, fera l’objet d’une grande vénération. L’antiquité perpétuera les traditions.
Le mobilier ramassé dans la fosse monumentale, épingles de coiffes, bijoux, monnaies, fers à chevaux, parle en ce sens. En christianisant ce lieu de culte païen, l’église le plaça sous le vocable d’un saint. Elle dressa à proximité de la source deux croix, la Croix de Chez Chauvin et la Croix de la Grande Versenne, aujourd'hui disparue. Ces deux croix, distantes d’une centaine de mètres l’une de l’autre, étaient les anciennes stations d’un chemin de procession, où l’on s’arrêtait pour prier ou réciter des psaumes. C’est certainement pour ces raisons que l’église consacra le lieu et dressa les croix. Elle déposa probablement la statue de Saint Roch patron des lépreux, protecteur des animaux et invoqué par les femmes et les jeunes filles en mal de fécondité.
La Font Chauvin passa par toutes ces étapes cultuelles depuis la Préhistoire. Nous avons retrouvé plusieurs monuments appartenant à ces périodes et cela nous incitent à penser que le lieu, fit probablement l’objet d’une attention toute particulière, de la part des civilisations qui visitèrent le site. Peut être la campagne 2005, nous apportera t-elle de nouveau éléments qui nous délivreront de nouveaux enseignements.
BIBLIOGRAPHIE
Rapport d’Opération Archéologique – Deuxième Campagne
L’Isle d’Espagnac – La Font Chauvin
Un site Mégalithique, Gallo-Romain et Chrétien
Daniel BERNARDIN - Alain TEXIER – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX
Alain MINCET – Bernard FABRE – Emmanuel CAZE
Bernard RAMETTE – Jean-Marie TEXIER – Eric DELMAS
Jean-François LAMONERIE – Eric VEUILLE – Marion GOUMAIN
Laure CHARRETON – Floriane LAVERAT – Amandine RAMETTE
Steve RAMETTE – Robert GRIMAUD
2004
L’Aqueduc de la Font Chauvin
Commune de L’Isle d’Espagnac
Daniel BERNARDIN - Matthieu MOUNIER – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX - Alain TEXIER - Bernard FABRE – Emmanuel CAZE - Alain MINCET - Bernard RAMETTE – Jean-Marie TEXIER - Bruno LAIDET - Eric DELMAS – Jean BEN AOMAR - Michel CHAUVIN – Nathalie TEXIER - Nathalie JOUSSEAUME – Cindy BRETHONNET
2003
Le Canal d’Arrosage Médiéval de Rivesaltes,
Son pont Aqueduc,
Et son UPP de la Mola encore en Place
Etudes Roussillonnaises, Tome XVIII
Jean ABELANET
Archéologue, Conservateur Honoraire
Musée de Tautavel (P.0).
2000/2001
Poitou-Charentes – Prospections – Fiches de Sites
Daniel BERNARDIN - Alain TEXIER – Bernard FABRE - Claude BREGE – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX - Matthieu MOUNIER - Alain MINCET – Martine CAZE - Jean- François LAMONERIE – Colette LAVOIX
GRAHT – 2004 – 2005
L'aqueduc gallo-romain de DIVONA - Cahors
Rapport de fouilles programmées - 2002
Didier RIGAL, Christian DARLES, Michel MARTINAUD,
André TARRISSE, Michel VIDAL, Jean-Claude BESSAC,
Francis DIEULAFAIT, Pierre TEXIER
Mornac – Un réseau hydraulique et ses aqueducs du Moyen Age et du XVIIe siècle
Rapport de sondage archéologique – 2001
Daniel BERNARDIN, Matthieu MOUNIER, Bernard FABRE,
Alain TEXIER, Sébastien DUCONGE, Richard LAFONT
Claude BREGE, Pierre-Emmanuel BREGE, Sébastien DAULON
Jean-Marie TEXIER, Monique TEXIER, Alain MINCET, Jean-Claude AUPY
Un sondage à la grotte d’Entreroches – Magnac-sur-Touvre, Charente
Bulletins et mémoires – 1985 – 4e trimestre
E. TRINKAUS et K. MAURER TRINKAUS
Jadis Soyaux et Naguère
Marcel FORGEAT
1993
Nos deux Charentes en cartes postales anciennes – n° 33
« Les cinq gares d’Angoulême
Henri LE DIRAISON, Christian GENET
Tous les saints guérisseurs et protecteurs
Jean de L’HOSSANNIERE
Editions Trajectoire – Année 2000
Dévotions et saints guérisseurs
Marc LEPROUX
Presse universitaire de France - 1957
Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente
Bruno SEPULCRE
1993
Géographie historique et communale de la Charente
J. MARTIN-BUCHEY
1914-1917
Il était une fois L’Isle qui devint D’Espagnac
Albertine CADET-HEMARD, Serge GIGNAC
1989
Dix mille saints
Les Bénédictines de Ramogate
BREPOLS - 1991
Abbayes, prieurés et commanderies de l’Ancienne France
François SEMUR
1984
Les templiers de l’Angoumois
Robert SIMONNAUD
1993
Boutons
Nancy FINK, Maryalice DITZLER
Books & Co - 1993
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