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ESSE - Dolmen N°1 de Périssac "La Pierre Levée"



ESSE

Dolmen N°1 de Périssac "La Pierre Levée"

Avant-Propos

Ce mégalithe est mentionné la première fois dans un bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Charente à la séance du Mardi 11 Janvier 1870 par M. Trémeau de Rochebrune. Il dépose lors de la séance un fragment de silex taillé. Il expose ensuite que ce fragment de silex parfaitement retouché, a fait incontestablement partie d’une lance trouvée aux abords du dolmen de Périssac. Selon lui, il présente un intérêt d’autant plus grand, que les silex de la craie dont il tire son origine sont étrangers à cette portion du département et que, par conséquent il n’a pu être déposé dans ce dolmen que par suite d’un échange, première phase d’un commerce primitif qui dès cette époque a eu lieu entre différentes peuplades.

Au XXe siècle les archéologues Roger Crédot et Michel Dominique effectuerons une fouille archéologique du monument. Il feront paraitre le résultat de leurs travaux dans le Bulletin de la Société de l'année 1972. C'est le fruit de ce travail que nous vous proposons de découvrir, avec nos recherches menées entre 1983 et 2006.

Localisation géographique

Ce dolmen est situé sur un plateau dominant le hameau de Périssac et la vallée de la Vienne. Il est à quelques dizaines de mètres du château d’eau, qui dépare un paysage d’une singulière beauté.

La tradition veut qu’une grande bataille ait été livrée en ce lieu et non loin d’un étang : « l’étang des Seiches ». Une pierre, aujourd’hui disparue, aurait porté l’inscription : « hic jacet trigentum militia perisunt ». De là viendrait l’origine du nom du hameau cité.

Le dolmen de Périssac se dresse sur une terre formée de plusieurs parcelles, toutes connues sous le nom de « pièces de la Pierre Levée ». Ces terres, comme l’ensemble de la commune, sont riches en silex ouvrés, tant de l’époque paléolithique que de la période néolithique.

Ce dolmen appartient à un groupe de mégalithes, disséminés dans le Confolentais :

- le dolmen de "Sainte-Madeleine", située dans l’Ile-de-Saint-Germain - le dolmen de Montvaillier, commune d’Ansac : 3,6km - le menhir de "Pierre Folle" à Ansac - les mégalithes d’Etagnac : 8km - le dolmen de Saulgond : 6km - le menhir et le dolmen du Repère Commune de Esse : 1,5km - le menhir "LaPierre Fromagère" - les mégalithes du "Pas de la Mule" à Esse - les mégalithes de Manot - les mégalithes de Montrollet - le menhir de Pleuville "Le Bénitier des Sorciers" - les mégalithes de Saint-Christophe - les mégalithes de Saint-Maurice des Lions - les mégalithes de Confolens

Cette liste ne mentionne que les principaux lieux où nous avons dirigé nos recherches tout au long de quatre décennies. Le patrimoine mégalithique du confolentais est riche, immense et très variés.

Description du Monument

Les deux archéologues qui effectuèrent l'étude de ce dolmen déclarèrent que celui-ci a été sérieusement endommagé. Une partie de sa table a été transportée en 1885, dans le cimetière de Confolens, sur l’initiative d’un sous-préfet, pour édifier un tombeau original. Fort heureusement, le mégalithe a été décrit avant d’être ruiné. La table aurait eu une longueur de 3,47m, une largeur de 1,60m, et l’épaisseur importante de 1,16m. Celle-ci était supportée par trois piliers de 1,05m de hauteur. Cette table en granit a été partagée en 2 morceaux, l’un est au cimetière de Confolens, et l’autre sur lequel des traces de coups de burins sont très visibles, repose à quelques mètres des piliers qui étaient complètement cachés par la végétation très dense de genêts et de ronces. Après débroussaillage du monument, nous avons découvert, émergeant à peine d’un amas de pierrailles, les 3 piliers signalés dans les anciennes descriptions. Nous avons enlevé toute la pierraille qui comblait la cella découvrant alors les 2 autres orthostates en place. L’ensemble des piliers permettant de délimiter la chambre sépulcrale mérite une description :

- pilier I (figure I) : Il est de forme irrégulière. Longueur : 1,35m – Largeur moyenne : 0,67m Il dépasse le sol actuel - pilier II (figure I) : Sa section est vaguement triangulaire. Longueur : 1,52m – Largeur moyenne : 0,65m Hauteur dépassant du sol : 0,42m - pilier III (figure I) : Ce pilier est presque vertical. Un important morceau, de section triangulaire, lui a été enlevé. Largeur totale : 1,60m – Largeur à l’extrémité ouest : 0,50m – Hauteur au-dessus du sol actuel : 1,10m. - pilier IV (figure I) : Il a été brisé en deux morceaux lors de la destruction du dolmen, l’un d’eaux gît près du fragment encore en place (représenté par VII). - pilier V (figure I) : C’est le plus intéressant. Il porte à son extrémité supérieure une échancrure semi-circulaire intentionnelle (photo 4) de 48 cm de diamètre. Ce pilier incliné forme avec le sol un angle de 75° environ. Il rappelle les piliers hublots. Longueur totale : 1,50m – Largeur moyenne : 0,75m – Epaisseur moyenne : 0,30m – Hauteur au-dessus du sol : 1m.

Lors de la fouille, nous avons mis au jour d’autres piliers qui n’étaient pas en place (piliers VI et VIII). Il est à noter que le pilier VIII a été sectionné au niveau du sol. Compte tenu des renseignements fournis par la fouille, nous pouvons penser que la chambre funéraire du dolmen était de forme irrégulière. Elle avait une longueur de 3,50m et une largeur maximum de 1,30m. Son orientation est voisine de la direction Est-Ouest.

Destruction du dolmen

On a d’abord déplacé le pilier VI, puis la cella a été comblée par de la pierraille jusqu’à la hauteur des 3 piliers principaux. Ensuite les piliers IV et VIII ont été cassés afin que la table puisse glisser vers le Nord et faire une rotation de 180° dans le plan vertical. Elle a été fragmentée sur place.

La fouille

La cella dégagée et le chantier carroyé, nous avons procédé au décapage horizontal. Il a permis de constater que le dolmen avait été violé dans sa plus grande partie. Seule l’entrée, à l’Ouest, sur une longueur de 1,50m, était intacte. Nous y avons relevé la stratigraphie suivante :

- une faible couche de terre végétale. - un dallage formé de blocs irréguliers, mais dont les chants avaient été polis parfois. - La couche archéologique, où furent découvertes en place les poteries les plus intéressantes et les pointes de flèches. - Un dallage de fond. - Le sol vierge à 0,50m de profondeur.

Dominique et Crédot - Description du Mobilier

1) mobilier découvert en place : ce mobilier est peu abondant et comprend :

a) Mobilier lithique : deux pointes de flèches à pédoncule et ailerons.

L’un taillée sur les deux faces, très peu épaisse est en silex cacholonné en blanc. Il est à remarquer que les aillerons sont très nettement marqués et les bords légèrement dentelés. La seconde pointe, en silex blond, petite et plus épaisse est d’une technique plus grossière. - une lamelle brute en silex blond translucide.

b) poteries : les tessons les plus intéressants appartiennent à :

- un vase à fond plat, à sole légèrement débordante, en pâte grossière de couleur rougeâtre. - un vase grossier de même aspect que le précédent, mais à fond aplati. - un vase campaniforme portant un décor en chevrons réalisé à la roulette. Il est à signaler la mise à jour, près du pilier III, d’une mâchoire de chèvre ou de mouton, dans un lambeau de la couche archéologique.

2) Mobilier découvert dans la partie remaniée :

Dans la partie violée, nous avons recueilli de très nombreux tessons qui appartenaient à des vases préhistoriques et à des céramiques gallo-romaines ou médiévales. On pouvait noter parmi les tessons préhistoriques, 3 fragments de bords. Le fragment N° 12, minuscule, est très fin et lissé, comme l’est le tesson N° 11. Les autres morceaux proviennent de vases à pâte grossière ou lissée.

Les éclats lithiques sont en silex ou en jaspe et portent parfois des retouches. Nous avons recueilli également un énorme nucleus en jaspe impur ainsi qu’une pointe à tranchant transversal.

Mobilier ramassé :

2 pointes de flèches à pédoncule et ailerons, 1 lamelle brute en silex blond translucide, 1 vase à fond plat, 1 vase grossier, 1 vase campaniforme, vases préhistoriques, céramiques gallo-romaines ou médiévales, éclats lithiques en silex ou en jaspe, un énorme nucleus en jaspe impur, 1 pointe à tranchant transversal en quartz.

Notons également, déclarent-ils, la découverte, aux abords du dolmen, par Monsieur de la Baudière, en 1869, d’un fragment de silex taillé, que le Président de Rochebrune signale dans un bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Charente.

Interprétation/Datation

Bien que violé plusieurs fois, le dolmen de Périssac avait une partie intacte où l’on a découvert les pointes de flèches à pédoncules et ailerons, une céramique en pâte grossière et à fond plat ou aplati, rappelant certains éléments de la céramique Vienne-Charente, et un tesson de vase campaniforme, rare en Charente, qui a pu être introduit tardivement dans le dolmen, mais qui permet de dater une de ses occupations, pouvant se situer entre 2000 et 1800 avant JC.

Légendes

Ce dolmen fut détruit en partie au siècle dernier pour ériger un mausolée à l’épouse du sous-préfet dans le cimetière de Confolens. On raconte que l’entrepreneur sacrilège qui détruisit le mégalithe fut condamné, ainsi que ses chevaux à errer pour toujours autour des ruines ou on entend leur galop lorsqu’on approche minuit.

Monsieur L…… vers 1912, revenant de la messe de minuit, le soir de Noël fut surpris de voir, autour des ruines du dolmen de Périssac une multitude de personnages bizarres, de voitures et de chevaux. Pour éviter cette rencontre funeste et inopportune, poussé par une violente frayeur il fit un large détour. Le lendemain, moins effrayé il revint pour voir s’il restait des traces du campement nocturne. Il ne trouva rien, ni chevaux, ni humains, tout avait disparu comme par enchantement. Il conclut au caractère surnaturel de sa vision.

Depuis la destruction du dolmen par l’entrepreneur sacrilège, on raconte que les enfants du pays, avec des bâtons, frappent la partie restante de la table du dolmen et appliquent l’oreille sur celle-ci, pour entendre le galop des chevaux damnés.

Selon les habitants de Périsac quelque peu amers, la légende raconte que depuis, l’entrepreneur sacrilège et ses chevaux furent condamnés à errer pour toujours aux abords des ruines, où ils se manifestent vers minuit. Autrefois, lorsque les enfants du pays frappaient avec une pierre sur la partie restante de la table, le galop des chevaux damnés se faisait entendre.

Selon la tradition, on raconte que les guerriers gaulois qui avaient une famille nombreuse, (10 à 20 enfants parait-il), venaient immoler le plus jeune de leur fils sur la table du mégalithe.

Une pièce d’argent de très bon aloi, longue d’un pouce fut trouvé sur le site. Il fut impossible de déchiffrer les signes qui s’y montraient gravés. La rouille les avait trop rayés. Cette trouvaille est malheureusement perdue. Plusieurs ont estimé que ce n’était pas une vraie pièce de monnaie, qui jamais eu court, mais que c’était un hiéroglyphe frappé depuis, pour célébrer un fait dont on voulait faire passer de la mémoire à la postérité, comme on ferait d’une victoire mémorable ou de la mort de quelques combattants. La fabrication grossière de l’objet, permettait cette conjecture, qui venait de confirmer la position dans laquelle on le trouva, planté verticalement le long d’un pilier. Une pierre plate posée horizontalement l’abritait.

Références (bibliographie, archives, photos IGN…) :

Bulletin de la Société Archéologique – 1889 – Chauvet Bulletin de la Société Archéologique – 1869-1870 – Trémeau de Rochebrune Le Dolmen de Périssac – Commune de Esse – Michel Dominique et Roger Credot – BSAHC 1972. Pages Confolentaises – Léonide Babaud-Lacroze.

Dessins: Michel Dominique et Roger Crédot

Photos: Daniel Bernardin

Etude du site : Daniel Bernardin - Bernard Fabre

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Faux /Vrai dolmen du cimetière de Confolens - XIXe siècle

"Dolmen de la Femme du Sous-Préfet Gontier"

Avant-Propos

Le dolmen de Confolens élevé dans le cimetière de la ville est constitué d’une table reposant sur 4 orthostates, dressés sur les 4 côtés du monument. Au sommet est installé le sarcophage en roche volcanique. La table du dolmen provenant du mégalithe de Périssac a pour dimensions : Longueur : 3,35 m ; largeur : 1,50 m au centre ; épaisseur : 1,16 m

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Description du Monument

Ce dolmen est situé dans le cimetière de la ville de Confolens. Il a été construit au XIXème siècle, en 1884 afin de recevoir le tombeau de la femme du sous-préfet, Cécile-Jeanne- Marie Crévelier (Confolens 26 mai 1862 – 29 avril 1884). En effet, celui-ci repose sur la table de granit supportée par 4 piliers. Il faut associer ce dolmen à celui de Périssac, car sa table provient du mégalithe ruiné de ce petit village, situé à quelques kilomètres de Confolens.

Transport de la table au cimetière de Confolens :

Cette pierre a été transportée par un charretier de Confolens, de Périssac à Confolens sur une distance de plusieurs kilomètres. 18 chevaux furent utilisés pour la remorquer et peinèrent pendant trois jours pour faire avancer le bloc sur de bons chemins. La pierre a une masse avoisinant les 10 tonnes.

Il semble qu’à l’origine la table était déjà brisée en deux parties comme le rapporte Gustave Chauvet dans le bulletin de la Société Archéologique de 1899. Nous avons toutefois un avis contraire. Nous pensons que cette dalle de couverture fut débitée pour la circonstance, afin de donner une sépulture exceptionnelle aux funérailles de cette jeune femme, appartenant à un rang social élevé. Cette hypothèse repose sur la photo qui date de 1883, aimablement prêtée par nos contacts, qui montre deux ans auparavant le dolmen dans son état d’origine. Le Texte du 19 Octobre 1884 confirme celle-ci car il accuse nommément le Sous-Préfet Gontier, d’avoir fait détruire le dolmen.

La table fut achetée par ce dernier, pour 17 francs or. Il faudra un mois de travail pour construire un nouveau dolmen dans le cimetière de Confolens. Quelles furent les raisons de l’érection de ce dolmen du XIXe siècle :

En 1884, le Sous-Préfet Jean-Amédée GONTIER devient veuf. Sa jeune épouse Jeanne-Marie meurt à l’âge de 22 ans. Pour lui rendre un dernier hommage il décide de lui édifier un monument qui recevra son tombeau réalisé dans la lave des volcans d’Auvergne, en pierre de Volvic.

Celui-ci sculpté dans le style de l’époque sera déposé sur un dolmen qui sera construit avec une partie de la table du dolmen de Périssac à Esse. Jean-Amédée Gontier, mort le 25 septembre 1901, sera enterré à ses pieds.

Destruction du dolmen N°1 de Périssac

Ce document paru dans le bulletin des Amis du Vieux Confolens nous rapporte : « Esse, 19 octobre 1884.

… La commune d’Esse possédait sur un vaste plateau de son territoire un dolmen, souvenir précieux de notre ancienne Gaule. Savez-vous ce qu’est devenue cette belle pierre ?

M. le sous-préfet de Confolens qui, en sa qualité de républicain, fait commencer l’histoire de France à la Révolution, a trouvé le moyen de détruire ce souvenir d’autrefois. Il a acheté ce dolmen au propriétaire du terrain sur lequel il se trouvait. Ah ! Ce n’est pas pour le déposer dans un musée, pour en faire cadeau à la ville de Confolens, ou hommage à la société d’archéologie du département. Non, c’est uniquement pour en faire fabriquer un tombeau pour sa jeune femme, morte il y a quelques mois.

Le vieux dolmen a été transporté aujourd’hui même à Confolens. M. Gontier a choisi pour ce travail un dimanche, afin de bien montrer aux populations qu’il a un égal mépris pour les prescriptions de la religion chrétienne que pour les souvenirs religieux de la Gaule… Un abonné »

La rumeur qui circulait en ville, indiquait que sa jeune femme était décédée de la syphilis qui lui aurait été transmise par son mari qui fréquentaient les bouges et autres maisons malfamées de la cité. La construction de ce mausolée montre l'hypocrisie ainsi que le peu de scrupules et de morale de cet individu.

Références (bibliographie, archives, photos IGN…) :

Bulletin de la Société Archéologique – 1899 – Gustave Chauvet Pages Confolentaises – Léonide Babaud-Lacroze – 1919 Bulletin des Amis du Vieux Confolens Esse, Le Chandelier Divin du Millénaire des Ostensions. Daniel Bernardin- Bernard Fabre.1999

Photos: Daniel Bernardin

Etude du site : Daniel Bernardin - Bernard Fabre

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