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PRANZAC Les Minières du Parc

Description du site

Une quinzaine de tertres tumulaires pouvant appartenir à la Protohistoire furent découverts en prospection archéologique par Bernard et Steve Ramette au cours de l'année 2003. Ces monticules circulaires ou allongés nous posaient un problème d'interprétation et il fut convenu avec l'autorisation du SRA Poitou-Charentes et du propriétaire d'effectuer plusieurs sondages archéologiques. Cette opération se déroula au cours de l'été 2004.

Membres de l'Association acteurs de ces recherches :

Cette opération fut placée sous la responsabilité de Mme Emmanuelle Faure-Gignoux.

Les membres de l'association désignés ci-dessous participèrent à cette recherche.

Bernard Ramette, Steve Ramette,  Sébastien Ducongé, Alain Mincet, Daniel Bernardin

Assistance Technique :

Entreprise Corbiat

Partenaires du GRAHT :

Association de la Route des Tonneaux et des Canons

M. Jean-Pierre Réal, DCN de Ruelle

Conseil Général de la Charente

Commune de Pranzac

 



Pranzac (Charente)

 

Les Minières

du Parc de Pranzac

 

Situation du site.

 

Le village de Pranzac se situe sur la route d’Angoulême à Limoges par Montbron et Saint Mathieu, au carrefour de la route de Chazelles à Bunzac.

Le bourg est au pied de collines boisées qui bordent les rives du Bandiat. Le site du Parc se trouve au dessus du château, dont l’ensemble de la construction date du XIIème siècle.

Pranzac est également un lieu de passage des pèlerins, qui empruntaient ce chemin secondaire de Saint-Jacques de Compostelle, traversant la Charente.

 

Réalisation de la fouille archéologique.

         

La campagne de terrain organisée en 2004, eut pour but de sonder quatre tertres tumulaires, sur le site du Parc.

     Ce site comprend en fait quinze tertres, découverts en 2003, par Messieurs Bernard et Steve RAMETTE.

     Le sondage devait vérifier s’il s’agissait de tumuli funéraires comme cela était supposé.

        Les sites offrant un éventail varié sur le plan architectural, les sondages archéologiques furent exécutés sur des tertres circulaires et allongés, peu éloignés les uns des autres.

 

         Les deux tertres ronds reçurent des chiffres pairs et ceux de formes allongés des chiffres impairs.

 

         Tertre N°2 :

        

         Il a une circonférence de 25,40m et une largeur de 3,80m. Il fit l’objet de deux sondages.

Une tranchée large de 0,75m fut percée selon un axe nord/sud pour le premier. Sa longueur était de 2,50m

Le second fut percé de la même largeur sur une longueur de 2,20m.

Le mobilier, presque inexistant livra des morceaux de tuiles, quelques tessons de céramique à gros dégraissant et du minerai en faible quantité.

  

Tertre N°4 :

 

Il possède une circonférence de 29,20m et sa largeur atteint 5,10m. La tranchée large de 0,75m mesurait 2,20m de longueur. Il fit l’objet d’un seul sondage.

Son mobilier était encore plus rare que dans le précédent. Deux tessons de céramique sans intérêt furent recueillis.

 

Tertre N°3

 

C’est le premier tertre allongé qui fut fouillé. Une tranchée profonde de 2m et orientée selon un axe est/ouest fit l’objet d’un sondage sur une longueur de 4,20m.

Le mobilier comportait des tessons de céramiques identiques à ceux des tertres circulaires. Plusieurs éléments de minerais bruts, ainsi qu’un élément qui se présentait sous la forme d’un lingot, furent ramassés au cours de la fouille.

Les échantillons de minerais firent l’objet d’une analyse en laboratoire.

 

Tertre N°1 :

 

C’est le plus important du groupe étudié. Sa longueur est de 41,20m et sa largeur est de 6,20m. Le sondage porta sur une distance de 3m.

Le mobilier renfermait quelques fragments de tuiles comparables à ceux des autres tertres.

 

Les Analyses Minéralogiques.

 

Elles furent réalisées sur les échantillons prélevés dans le tertre N°3. C’est le laboratoire de la Direction des Chantiers Navals, installé à Ruelle, qui les analysa au microscope électronique. Un échantillon fut considéré comme spécimen et les deux autres ont été fragmentés pour être analysés.

L’élément le plus intéressant, ressemblait à une briquette métallique. C’est un produit brut de fonte qui a été coulé dans un moule rudimentaire. Ce lingot mesure 9cm de long, 7cm de large et 3cm d’épaisseur. L’autre échantillon ayant servi à l’analyse est également un produit de fonte artisanale qui se retrouve sur des sites appelés «ferriers». Il en existe de nombreux en Charente et en Périgord.

Les images spectrales montrent une forte teneur en oxygène. Ils sont constitués de fer, silice, mercure, aluminium, manganèse et or.

 

Conclusions.

 

L’exploitation artisanale de minerais était souvent établie en forêt. Le minerai s’obtenait par le principe de la réduction directe, qui consistait à casser la liaison dans le minerai de fer, entre les atomes de fer et les atomes d’oxygène.

Dans son exploitation artisanale, cette réduction s’obtenait dans un bas fourneau fabriqué sur le terrain, où dans un lieu proche. Ce bas fourneau était le plus souvent un trou creusé dans le sol, que l’on tapissait d’un épais manteau d'argile. Une tuyère naturelle ou artificielle ventilait le foyer. La température obtenue pouvait atteindre 1350°.

A Pranzac il semble que ce soit cette méthode qui fût employée.

 

Les Produits de Fonte :

Dans le bas fourneau, il est obtenu du fer à l’état brut, qu’il faut épurer. Il faut rendre le fer plus homogène. Cette opération s’appelle le cinglage ou martelage. Le métal est chauffé, puis martelé sur une enclume. Il est ensuite forgé et on lui donne la forme désirée.

L’échantillon n°1 correspond à ce principe d’exploitation minière.

Le second échantillon, moins élaboré, est un reste de scories. Ce « gâteaux » riche en fer, est un résidu issu de coulées, réalisées dans de petits fours.

La production minière était ensuite écoulée à proximité du lieu de fabrication. Une partie du produit, fondu sur place dans la forêt, servait à l’économie locale, car les gueuses servaient à la fabrication des clous, des outils de jardinages et des instruments agricoles.

L’autre partie était acheminée en direction de sites plus importants, les forges de Rancogne ou la Fonderie Royale de Ruelle. Dans ces deux établissements on obtenait des fontes de meilleures qualités, nécessaires à la fabrication des canons. Il est probable que le produit des minières de Pranzac s’écoulait vers ces deux fonderies importantes.

En conclusion les tertres du Parc de Pranzac n’appartiennent pas à une nécropole mégalithique mais probablement à une exploitation minière du XVIIIème siècle. A cette époque l’armement est en plein essor et les forges de Rancogne et de Ruelle produisent les fontes nécessaires à la fabrication des canons. Il est probable que le produit des minières de Pranzac s’écoulait vers ces deux fonderies importantes du département.

Cette hypothèse est renforcée par un texte paru dans un Bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Charente de 1983. Monsieur Gabriel Delage, indique qu’il y aurait eu 15 minières à Pranzac, chiffre qui correspond à la découverte  faite en 2003, par les membres du GRAHT.



Note : "

BIBLIOGRAPHIE

DELAGE Gabriel 

Les hommes et les mines de fer de l’Angoumois Oriental.

Bulletin SAH de la Charente. Extrait n°23 (année 1983).

 

MAGNE Christian 

Etude de faisabilité d’un centre d’Information, de Ressources et d’Animations sur les forges du Périgord-Limousin-Angoumois.

Décembre 2003. Cahier 1.

 

Abbé LESCURAS Pierre

 Le pays de la Touvre et de la Braconne

 

Association La Route des Tonneaux et des Canons 

Du Périgord Limousin Angoumois à l’Atlantique par le fleuve Charente.

Argus de Presse 2003.

 

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