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L'ISLE D'ESPAGNAC La Font Chauvin 01

C'est au cours de l'année 2003, que le projet de réaliser un sondage archéologique sur le site de La Font Chauvin à L'ISLE d'ESPAGNAC fut envisagé. Ce sondage avait pour but de faire une étude comparative avec l'aqueduc de Mornac sur lequel nous venions de terminer le travail.

Nos recherches devaient porter sur le lavoir et son aqueduc. Mais très vite il nous apparut que ce réseau hydraulique était plus complexe qu'il n'apparaissait. En effet nos différentes prospections archéologiques nous apprirent que plusieurs aqueducs en relation avec le ruisseau de Lunesse, existaient dans cette vallée. Le riche passé médiéval, du logis de Lunesse, du plateau de Saint-Roch et de la maladrerie des Mérigots était intimement lié à ce site intéressant. C'est dans la perspective d'en apprendre davantage, que nous commençâmes nos travaux sur ce premier monument. 

L'équipe du GRAHT qui participa à ces différentes campagnes de fouilles se composait des membres ci-dessous.

Daniel Bernardin, Emmanuelle Faure-Gignoux, Bernard Fabre, Emmanuel Caze, Matthieu Mounier, Alain Texier, Jean-Marie Texier, Nathalie Texier, Bernard Ramette, Steve Ramette, Amandine Ramette, Floriane Laverat, Laure Charreton, Marion Goumain, Jean-François Lamonerie, Martine Caze, Robert GrimaudAlain Mincet, Cyndi Bretonnet, Eric Delmas, Michel Chauvin, Eric Vieuille,

Saisie Informatique : Christine Rousseau, Nathalie Jousseaume, Delphine Jousseaume,

Site Internet du GRAHT : François Rousseau, Bruno Deschamps, Daniel Bernardin

Conseillers Scientifiques, Datation : M. André Debenath, M. Didier Rigal, M. Michel Martzluff, Jean Abelanet, Sabine Nadal.

Assistance Technique apportée par:

Techniciens de la COMAGA : Jean Ben Aomar, Eric Soulan, Bruno Labet, Corinne Buzard,

Techniciens de la Commune de L'Isle d'Espagnac : Jean-Marie Lacourly, Gérard Vedrenne



 L’ISLE D’ESPAGNAC (Charente)

La Font Chauvin

 Situation et présentation du site.

Le site de la Font Chauvin situé sur la commune de L’Isle D’Espagnac, dans la banlieue est de la ville d’Angoulême, est visité depuis la préhistoire. Baigné par le ruisseau de Lunesse, il est installé au pied des falaises du plateau de Saint Roch et à peu de distance du logis de Lunesse, cité dans un document du XIe siècle.

L’éperon rocheux de Saint Roch renferme un cimetière des Lépreux dont les tombes ont fait l’objet d’une étude entamée au cours de l’hiver 2003. Les falaises étaient occupées par les Lépreux qui logeaient dans les grottes et abris sous roche aménagés par leurs soins. Outre ce passé historique, le site de la Font Chauvin possède une source appelée la Fontaine des Lépreux, un aqueduc, un lavoir. Cette source se jette dans le ruisseau « Le Lunesse » .

Un aqueduc voûté est construit sur le cours de ce ruisseau. Il coule au pied de la barrière rocheuse de Saint-Roch. Un réseau hydraulique comportant 400 m de canalisations, un aqueduc souterrain ainsi que les vestiges d’un autre aqueduc et d’un aqueduc urbain ont été découverts sur les terres de l’ancien pavillon de chasse du logis de Lunesse.

Une maladrerie, une commanderie templière et le chemin de Saint-Jacques de Compostelle passant par le Vieux Saint-Roch, complètent et illustrent l’histoire de la commune.

Le sondage archéologique de la Font Chauvin.

Il portait sur le lavoir et l’aqueduc. Nous devions vérifier selon quel principe de construction il avait été édifié. Comparable à celui des Laquais à Mornac, nous devions comparer leur architecture et tenter d’établir une chronologie d’occupation du site.

Trois sondages ont été réalisés sur le monument :

- Sd1, le premier, le long de l’aqueduc au nord-est,

- Sd2, le second au nord près du bassin,

- Sd3, le troisième dans l’angle sud-ouest entre le lavoir et l’aqueduc.

Sd1 - La margelle du lavoir.

 Effectué au bord du lavoir côté nord, ce sondage révéla quelques dalles plates et quelques autres moins élaborées, vestiges d’une ancienne margelle. Cet ouvrage très abîmé correspond à l’emplacement des selles à laver en pierres qui sont installées dans le bassin du lavoir. Cette margelle fut très certainement fabriquée pour les lavandières qui s’agenouillaient devant elles et pour permettre aux brouettes de rouler convenablement. Elle mesurait 0,50 m de largeur.

Sd2 – Le mur de soutènement.

 Le travail permit de mettre à jour un mur de soutènement à l’aqueduc. Large de 40 cm et profond de 0,60 m, il était constitué de moellons parfaitement équarris. Les joints des pierres étaient réalisés avec de la glaise et de la terre. L’aqueduc prenait naissance dans l’angle nord-ouest du lavoir et dès son origine deux grosses pierres taillées servaient de blocage à ce muret. Disposées en biais, elles limitaient à l’est ce parement. Le mur de soutènement stabilisait latéralement et longitudinalement l’ouvrage d’art qui est fabriqué avec de larges dalles creusées en U. A l’origine, les joints étaient colmatés avec de l’argile mais aujourd’hui un treillis métallique reposant sur le lit de l’aqueduc et les rebords, a été recouvert d’un ciment grossier, vestige d’une restauration abusive.

Sd3 - L’aqueduc.

 Exécuté sur une surface de 6 m², il montrait un grand bouleversement. Il contenait des gros blocs provenant d’un ancien bâti qui appartenait probablement à un ancien logis enseveli sous une décharge, aujourd’hui désaffecté. Le hameau de Font Chauvin se composait d’un corps de ferme et du logis qui possédait une tour carrée. Il ne reste que les ruines de ces bâtiments à proximité du lavoir. A 30 cm de la surface fouillée, apparut une longue dalle qui fut dégagée jusqu’à 0,80 m de profondeur. Cette dalle longue de 1,35 m , appartenait à un monument plus ancien se trouvant sous le lavoir. Deux autres dalles plus petites prolongeaient cette grande pierre. Elles donnent à l’ensemble l’impression que nous sommes en présence d’un bassin plus ancien. La grande dalle est en outre percée d’un trou qui semble la traverser dans son épaisseur. Ce trou est orné d’un boudin formant collerette. L’élément d’aqueduc inédit. Au cours du sondage n° 3 fut retrouvé contre le bord du lavoir un bloc de pierre qui, une fois retourné, montrait sur toute sa longueur une large rigole. Cet élément, différent de l’architecture de l’aqueduc et des canalisations du réseau hydraulique du pavillon de chasse du logis de Lunesse, appartient à un autre ouvrage inédit. Peut-être est-il un vestige de l’aqueduc courant au-delà de la bonde décrite précédemment et se trouvant après le trou percé dans la grande dalle ? Nous tenterons d’élucider cette énigme en 2004.

 Un lieu de dévotion.

Le mobilier retrouvé était en relation avec l’activité des lavandières. De nombreux boutons en bois, en métal, en corne provenant de chemises, d’uniformes et de vareuse militaire dataient du XVIIIe s, XIXe s. et XXe siècle. Mais le plus intéressant fut retrouvé au pied et dans le trou de la grande dalle. Il se composait de monnaies, d’épingles et de bijoux. Une cinquantaine d’épingles provenant de coiffes à cheveux résidaient dans la glaise verte. Elles étaient principalement fabriquées en cuivre, dorées à l’or fin. Les têtes de certaines étaient filetées. D’autres avaient été cassées. Associées à celles-ci, furent retrouvées une alliance en or et une broche qui avait perdu ses pierres précieuses. Tous ces objets sont en étroite relation avec un culte votif rendu à la source. Certainement dédiée à Saint Roch, les femmes et les jeunes filles mariées invoquaient le saint afin qu’il les rende féconde. Pour compléter cette énumération, un mobilier hétéroclite constitué de clous de sabots et de fauteuils tapissiers, de bonde de barils etc., tombé et oublié sur place sera collecté. Il servira à l’étude définitive du site qui se poursuivra en 2004.

Conclusion.

La campagne 2003 qui se déroula sur le site de la Font Chauvin se montra riche en événements inédits. Durant l’opération, quatre autres sites archéologiques furent retrouvés. Leur étude commencée en 2003 livrera ses résultats en 2004 mais nous pouvons déjà annoncer que tous sont liés à l’histoire du lieu et à celles des communes de L’Isle D’Espagnac et d’Angoulême. Le monument fouillé a révélé un ouvrage plus ancien datant probablement de l’époque gallo-romaine. Les premiers éléments d’architecture apparus durant la fouille sont porteurs de perspectives intéressantes pour 2004. L’aqueduc de la source de la Font Chauvin nous a également montré un nouveau principe d’architecture qui n’avait pas encore été relevé jusqu’à présent sur d’autres monuments du même type. Nous espérons que la fouille 2004 nous permettra de mieux saisir l’architecture du monument découvert au cours de l’opération 2003 et qu’elle nous apportera des éléments supplémentaires au sujet du mobilier afin de mieux comprendre les rites et dévotions qui étaient rendus à la source.

(Responsables de l’opération : Daniel BERNARDIN, Emmanuelle FAURE-GIGNOUX, Alain TEXIER, Bernard FABRE, Emmanuel CAZE ).



Note : "

              BIBLIOGRAPHIE

 

Rapport d’Opération Archéologique – Deuxième Campagne

L’Isle d’Espagnac – La Font Chauvin

Un site Mégalithique, Gallo-Romain et Chrétien

Daniel BERNARDIN - Alain TEXIER – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX

Alain MINCET – Bernard FABRE – Emmanuel CAZE

Bernard RAMETTE – Jean-Marie TEXIER – Eric DELMAS

Jean-François LAMONERIE – Eric VEUILLE – Marion GOUMAIN

Laure CHARRETON – Floriane LAVERAT – Amandine RAMETTE

Steve RAMETTE – Robert GRIMAUD

2004

 

 L’Aqueduc de la Font Chauvin

Commune de L’Isle d’Espagnac

Daniel BERNARDIN - Matthieu MOUNIER – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX - Alain TEXIER - Bernard FABRE – Emmanuel CAZE - Alain MINCET - Bernard RAMETTE – Jean-Marie TEXIER - Bruno LAIDET - Eric DELMAS – Jean BEN AOMAR - Michel CHAUVIN – Nathalie TEXIER - Nathalie JOUSSEAUME – Cindy BRETHONNET

2003

 

Le Canal d’Arrosage Médiéval de Rivesaltes,

Son pont Aqueduc,

Et son UPP de la Mola encore en Place

Etudes Roussillonnaises, Tome XVIII

Jean ABELANET

Archéologue, Conservateur Honoraire

Musée de Tautavel (P.0).

2000/2001

 

Poitou-Charentes – Prospections – Fiches de Sites

Daniel BERNARDIN - Alain TEXIER – Bernard FABRE - Claude BREGE – Emmanuelle FAURE-GIGNOUX - Matthieu MOUNIER - Alain MINCET – Martine CAZE - Jean- François LAMONERIE – Colette LAVOIX

GRAHT – 2004 – 2005

 

L'aqueduc gallo-romain de DIVONA - Cahors

Rapport de fouilles programmées - 2002

Didier RIGAL, Christian DARLES, Michel MARTINAUD,

André TARRISSE, Michel VIDAL, Jean-Claude BESSAC,

Francis DIEULAFAIT, Pierre TEXIER

 

Mornac – Un réseau hydraulique et ses aqueducs du Moyen Age et du XVIIe siècle

Rapport de sondage archéologique – 2001

Daniel BERNARDIN, Matthieu MOUNIER, Bernard FABRE,

Alain TEXIER, Sébastien DUCONGE, Richard LAFONT

Claude BREGE, Pierre-Emmanuel BREGE, Sébastien DAULON

Jean-Marie TEXIER, Monique TEXIER, Alain MINCET, Jean-Claude AUPY

 

Un sondage à la grotte d’Entreroches – Magnac-sur-Touvre, Charente

Bulletins et mémoires – 1985 – 4e trimestre

E. TRINKAUS et K. MAURER TRINKAUS

 

Jadis Soyaux et Naguère

Marcel FORGEAT

1993

 

Nos deux Charentes en cartes postales anciennes – n° 33

« Les cinq gares d’Angoulême

Henri LE DIRAISON, Christian GENET

 

 

Tous les saints guérisseurs et protecteurs

Jean de L’HOSSANNIERE

Editions Trajectoire – Année 2000

 

Dévotions et saints guérisseurs

Marc LEPROUX

Presse universitaire de France - 1957

 

Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente

Bruno SEPULCRE

1993

 

Géographie historique et communale de la Charente

J. MARTIN-BUCHEY

1914-1917

 

 

Il était une fois L’Isle qui devint D’Espagnac

Albertine CADET-HEMARD, Serge GIGNAC

1989

 

Dix mille saints

Les Bénédictines de Ramogate

BREPOLS - 1991

 

Abbayes, prieurés et commanderies de l’Ancienne France

François SEMUR

1984

 

Les templiers de l’Angoumois

Robert SIMONNAUD

1993

 

Boutons

Nancy FINK, Maryalice DITZLER

Books & Co - 1993

 

 


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