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SARDAIGNE - CAPO TESTA -CARRIERE ROMAINE DE CAPICCIOLU
AVANT-PROPOS Depuis 40 ans, le GRAHT s'est toujours intéressé à l'histoire des hommes et de leur adaptation à utiliser la roche dans leur quotidien. Le mégalithisme, les roches ornées, les voies romaines, les aqueducs antiques, médiévaux, modernes, les ermitages troglodytiques, les souterrains refuges, les silos, les carrières et les meulières, les édifices civils et religieux, furent les sujets sur lesquels notre association orienta la majorité de ses recherches. C'est ainsi que durant toutes ces années les hommes qui édifièrent ces monuments, habitats ou ouvrages d'art attirèrent notre attention. C'est ainsi que nous avons parcouru le territoire de la Charente, celui de la Charente Maritime, puis entamé un vaste programme d'étude sur les aqueducs de forges et de moulins, les carrières de pierre et les meulières de rivières, en Corse dans la province de Costa Verde et enfin pris la décision d'étudier les carrières romaines de Capo Testa en Sardaigne. Tout au long de ses années de recherches, nous avons reconnu, fouillé et étudié des centaines de sites que les hommes avaient façonnés de leur mains, au sein de gorges abruptes, à pics vertigineux baignés par des eaux tumultueuses. Les barrières rocheuses devinrent rapidement les lieux d'habitats des premiers hommes et la pierre servit à la fabrication de leurs premiers outils. Les grottes furent leur galeries d'art où ils purent exprimer leur talents d'artistes et ils nous laissèrent des chefs d'oeuvres qui surent traverser les millénaires. Plus tard, ils surent façonner la pierre et le bois pour construire des refuges afin d'y vivre plus commodément. C'est sous l'Antiquité que les techniques et les méthodes de constructions vont se développer et atteindre son plus haut niveau de connaissance. La péninsule de Capo Testa en Sardaigne fut l'un des lieux où ils s'installèrent afin d'exploiter à grande échelle les masses granitiques de son rivage méditerranéen.
Les carrières romaines de Capo Testa Plusieurs secteurs de la presqu'île furent exploitées pour la qualité de leur granit.Trois sites d'extraction se positionnent dans le hameaux de Capicciolu, Li Petri Tadda et Cala Spinosa. Ces carrières s'égrènent le long de la côte jusqu'à Cala di l'Ea. Tous ces lieux sont accessibles et à intervalles réguliers on aperçoit des monolithes inachevés, des futs de colonnes, des blocs brisés, des tambours et des fronts de carrières à l'abandon de nos jours. Le plus grand centre d'exploitation se trouve le long de la baie de Reparata, sur le bord de mer, près du village de Porticciolu. C'est ici que les blocs embarquaient pour l'Italie. Le lieu conserve encore des vestiges de bâtiments portuaires, de quai et de jetée. La Cava grande di Capiccuolo fut très active et une grande quantité de matériaux sculptés, inachevés ou brisés sont entassés ou dispersés sur plusieurs centaines de mètres sur la plage de sable fin ou dan l'eau de mer. Le second site est celui de "Petri Talda" qui signifie "pierre taillées". Une quantité considérable de blocs gisent sur la côte. Les autres sites dévoilent un spectacle similaires où un géant aurait joué aux quilles avec les colonnes de granit extraites des carrières.
Installation de la Colonie romaine de Capo Testa C'est vers le début du Ier siècle av.JC., qu'un premier contingent de pionniers vint s'installer à Capo Testa. Leur habitat rural était composé de petits îlots d'habitations. Sur les rochers de Capicciolu ont peut observer d'anciennes meules creusées dans le rocher. Elles sont semblables aux meulières du "Liamone" et dans le camping du même nom en Corse. Un second peuplement de la presqu'île se déroula entre le IIe et le IVe siècle à la fin de l'époque impériale. Selon des sources du XIXe siècle, c'est au cours de cette seconde vague de migrants que l'urbanisation des localités de la tête du Cap, va se manifester avec la construction de villae. De nos jours il ne reste que deux anciennes nécropoles.comprenant des sépultures de différents types.
La Cava Romana Di Capicciolu C'est au tout début du IIe siècle que débutera l'exploitation des carrières granitiques. L' abandon progressif des matériaux périssables va développer le commerce de la pierre de construction. Les romains vont ouvrir de nombreuses carrières à travers l'empire. En Gaule et notamment en Charente Maritime s'ouvrira la carrière de l'Île Sèche à Thénac et bien que nous n'ayons pu le prouver malgré la découverte et la fouille archéologique réalisé en 2006, sur le chemin romain des Rochers, près des carrières de la vallée des Eaux Claires à Puymoyen, il est probable qu'il en fut de même dans cette commune.
La carrière de Capicciolu se positionne dans la partie est de la presqu'île à peu de distance du hameau de Capo Testa et de la Plage de Zia Culumba. La plage de sable fin constitue à son extrémité est, le point de départ de diffusion du site archéologique, face à la baie de Santa Reparata. C'est un complexe qui se composait vraisemblablement de plusieurs chantiers. Un probable lieu de dépôt où l'on entreposait les colonnes en attente d'embarquement, proche des installations portuaires, un lieu d'extraction où s'activaient les mineurs qui extrayaient les blocs et qui devait probablement se situer à proximité un atelier de taille où se confectionnaient les colonnes et autres éléments de sculpture en cours d'élaboration, assuraient l'approvisionnement des navires en attente de charger leur cargaison. Une activité économique importante régnait dans cette partie de la péninsule. De nos jours ce que l'on en retient c'est qu'une faible partie du site subsiste. En effet une nombre impressionnant de vestiges apparaissent dans l'eau. Il faut considérer que le site dans son ensemble, couvrait une vaste superficie au moins égale à 5 à 10 fois supérieure, sinon plus, à celle qui nous est parvenue. La mer à vue son niveau monter au cours des deux derniers millénaires et si les navires marchands peuvent toujours s'approcher de la côte, une fois chargé des blocs préparer pour leur futur monument, ils ne pourraient appareiller et prendre la mer car ils resteraient échouer sur la plage. Ce qui implique qu'à une certaine distance dans la baie, existait un mouillage suffisamment profond où il pouvaient accoster près d'un quai aujourd'hui quelque part au fond de l'eau. Les outils de ces artisans comprenaient, pour effectuer les rainures et havages pour creuser des saignées, des pics, des escoudes pour délimiter les contours du blocs afin de le détacher de sa masse, des coins biseautés en fer, d'autres en bois, des maillets ou mailloches pour taper sur les coins, des mortaisoirs, outils à deux tranchants pour creuser les mortaises, des pinces pour servir de levier, des pioches, des pelles et des scies pour scier la pierre. Le détachement des blocs de roche demandait une préparation minutieuse qui se réalisait par la confection d'encoignures. Celle-ci consistait en une large saignée verticale ou horizontale, creusée en "V", sur le côté ou à la base du bloc en cours d'extraction, opération indispensable pour y loger une série de coins que l'on humidifie pour provoquer sa fracture et son détachement. Les trous apparents à Capicciolu montrent que l'on pratiquait cet exercice couramment. Les coins utilisés par les carriers étaient de deux nature, en bois ou en fer. Les dimensions de ces emboitures observées sur les fronts de taille montrent des écarts de dimensions qui varient entre 3 à 5cm pour des coins de fers de petits calibres, mesurés lors de précédentes recherches et ceux que nous avons évalué au cours de notre étude en 2017, avec pour estimation, une longueur de 18cm, une largeur de 9cm et une profondeur dans la roche de 6cm. En d'autres points des fronts de taille il a été observé des empreintes de cales en bois de 10 à 20cm. Eparpillées parmi les fronts de taille, des masses rocheuses gisent abandonnées en attente du sculpteurs qui viendra les façonner.
L'Acheminement par Voie Maritime L'importance de la colonie romaine de Capo Testa et de ses activités économiques était due à sa position stratégique dans le détroit de Bonifacio. Portus Tibula fut certainement un port par lequel transitait une grande partie des marchandises de la Sardaigne du nord. Toute la production des carrières étaient chargé dans les navires à destination du continent italien mais probablement vers d'autres colonies romaines. A peu de distance de Capo Testa, sur l'île Corse de Cavallo, était exploitée une autre carrière de même nature. Des relations maritimes existaient vraisemblablement entre les deux colonies. Les Bouches de Bonifacio ont donc vu transiter un important trafic maritime durant l'Antiquité. Les capitaines des navires qui empruntaient ces routes maritimes pouvaient pratiquer deux types de navigation : Le cabotage hauturier et le cabotage côtier. Depuis Portus Tibula, la route la plus directe était de se rendre directement au port d'Ostie d'où étaient débarquées et ensuite acheminés vers Rome, les colonnes préparées de Cava Di Capicciolu. Depuis Ostie, elles étaient ensuite véhiculées par voie fluviale sur le Tibre ou par transport terrestre par la "Via Ostiensis".
Conclusion Ici s'achève notre étude et notre modeste participation à la connaissance du site. Il demeure de nombreux points en suspend sur sa compréhension générale que les autorités culturelles italiennes ne manqueront sûrement pas d'explorer. Il serait particulièrement intéressant de réaliser des fouilles sous-marine pour retrouver les vestiges du port et ses structures englouties. Cela permettrait d'en établir un plan de situation générale et de connaitre l'étendue du site archéologique. Capo Testa est un lieu superbe qui mérite mieux que la vue qu'il nous offre aujourd'hui même si celle-ci est remarquable. Il mériterait d'être valorisé et peut être mieux protégé qu'il ne l'est. Les touristes qui viennent nombreux visiter la presqu'île finiront bien, dans le futur et sans le vouloir, par dégrader l'endroit qui heureusement est principalement constitué de rochers. Cette étude fut une merveilleuse aventure et elle restera comme nos recherches en Corse une page extraordinaire dans les recherches archéologiques menées en Europe.
Note : "
Etude du Site Archéologique Daniel BERNARDIN - Responsable de l'Opération ArchéologiquePlans,Dessins et DAO Daniel BERNARDINIntervenants sur le site Daniel BERNARDIN - Christine BERNARDINRéférences (bibliographie, archives) D'ORIANO - MASSIMETTI - La Carrière Romaine de Capo Testa - Hypothèse de Vlorisation Culturelle LAZZARINI - MARIOTINI - PECORARO - PENSABENE - Détermination de la Provenance des Marbres Utilisés dans Certains Monuments Antiques de Rome - 1988 MACCIONI - BECCALUVA - LEONE - MACCIOTA - Servizio Géologico d'Italia - Note Illustrative Della Carta Géologica d'Italia - Foglio 411 - Santa teresa Di Gallura - 1981 Daniel BERNARDIN - Voyage d'Etude aux carrières romaines de Capo Testa en Sardaigne (Italie) - 2017 Tonio BIOSA - Da Capo Testa Panthéon - Nuova Sardegna - 30 %Mai 2003 Francesco FLORIS - Grande Encyclopédie de la Sardaigne - Sassari - NewtonComptonEditori - 2007 Albert De La MARMORA - Itinéraire de l'Île de Sardaigne - Turin - 1860 - Chez les Frères Bocca - Libraires du Roi Pascal ARNAUD - Les routes de la navigation antique-Itinéraires en Méditerranée - Editions Errance, Paris - 2005 Jean-Claude BESSAC - Glossaire des Termes Techniques - Carrières Antiques de la Gaule - Une Recherche Polymorphe - Gallia - Tome 59 - Année 2002 A. MATTONE, s.v. Eleonora d’Arborea, in Dizionario biografico degli Italiani, vol. XLII, Roma, 1993. L. ORTU, Storia della Sardegna. Dal Medioevo all’Età contemporanea, Cagliari 2011 F.C. CASULA, s.v. Eleonora, regina-reggente di Arborea, in Dizionario Storico Sardo, vol. 5, Cles (TN) 2006. https:// www.studocu.com/fr/document/Universite-de Caen/Archeologie /Résumés/Comment Extraire de la pierre dans une carriere - Initiation à l'Archéologie. http://www.reita.it/colonne di capo testa.html http://www.bequalia.com/magazine/capo-testa-le-cave-di-granito-romane-nella-rena-di-levante https://fr.wikipedia.org/wiki/Capo_Testa http://www.galluratour.it/fr/capo-testa-di-la-marmora/ http://www.turistiaoristano.com/2012/05/il-vero-ritratto-di-eleonora-darborea.html http://www.sardegnacultura.it/documenti/7_88_20070215114729.pdf http://www.sardegnaintour.it/fr/le-territoire/la-sardaigne/55-moyen-age.html" | Liens RelatifsL'Article le plus lu à propos de ANTIQUITE : Les dernières nouvelles à propos de ANTIQUITE :
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